Vézelay est une commune française située dans le département de l'Yonne en région Bourgogne. Elle est un chef-lieu de canton de l'arrondissement d'Avallon. Elle est renommée en raison de la Basilique Sainte-Marie-Madeleine et de la colline classées au patrimoine mondial de l'humanité. Elle est le point de départ de l'une des principales voie de pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, la Via Lemovicensis.
Nous y débarquons ce jeudi 22 mai 2014, après avoir visité Avallon. Montée très ardue de la grand'rue, visite de 'Abbaye et de ses alentours, un apéro sur la place face à l a Basilique, redescente de la rue, où notre chienne Canaille rencontre son 1er sanglier, , repas dans les bas de la rue principale au Restaurant "Le Bougainville" où nous mangeons, seuls en dépit de la foule environnante et enfin la visite du Musée Zervos (2e série de photos ci-dessous)
Géographie
La ville est située sur une haute colline. Celle-ci a valu à Vézelay d'être renommée Vézelay-la-Montagne en 1793, pendant la révolution. La raison en est simple : seul le côté ouest est facilement accessible, les versants sud, nord et est étant plus abrupts. La rue principale suit la ligne de crête de cette colline et permet de rejoindre l'église abbatiale située sur le point culminant. Vézelay domine la vallée de la Cure qui a longtemps été la voie de navigation principale de la région et la frontière entre le Nivernais et la Bourgogne.
Vézelay est distante de 15 km d'Avallon et de 45 km d'Auxerre.
De grands écrivains du xxe siècle, comme Romain Rolland, Georges Bataille ou Jules Roy, ont habités sur la « colline inspirée ».
La montée de la Grand'Rue jusqu'à la Basilique Sainte-Madeleine, puis la redescente, notre chienne Canaille flirtant avec un sanglier et un autre chien, le resto Le Bougainville et le Musée Zervos
« La montagne sur laquelle est bâti Vézelay appartient tout entière aux différentes assises de la Grande-Oolithe. Vers la base, du côté de Saint-Père, se montrent encore quelques-unes des couches du lias et au-dessus les calcaires de l'oolite inférieure avec débris de pentacrinites et radioles de Cidaris Courtaudina, mais cet ensemble est promptement recouvert par les calcaires oolithiques subschistoïdes plus ou moins marneux de la grande oolite, que caractérisent les pholadomyes, les panopées, les mytilus, lesammonites. Du côté opposé, en descendant la route de Vézelay à Clamecy, la succession des couches oolitiques est plus apparente encore. Sous les calcaires compacts et résistants qui constituent le sommet de la montagne, on voit se développer des calcaires argileux très riches en Pholadomyes et qui renferment abondamment le Pholadomya Vezelayi. Au pied de la montagne, d'anciennes carrières aujourd'hui abandonnées, ont été exploitées dans la partie inférieure de cette assise. Les couches sont plus compactes, moins marneuses ; les pholadomyes n'apparaissent pas encore ; les fossiles, assez rares, se bornent à quelques Ammonites. »
La toponymie des bois environnants dévoile un sous-sol riche en minerai de fer : bois des Ferrières, bois du Fourneau.
Les eaux de pluie étaient « soigneusement recueillies dans trois grandes citernes publiques, deux réservoirs et un grand nombre de citernes particulières ». Les constructions les plus grandes sont au sein de l'abbaye, à la hauteur de l'ancien préau du cloître ; l'une d'entre elles a 16,85 m de longueur, 6,30 m de largeur et 3,60 m de profondeur. Des piliers en pierre carrée soutiennent des voûtes d'arêtes en moellons. Elle recueille les eaux pluviales des toitures plates de l'église et autrefois de tous les bâtiments du monastère.
Démographie
En 2011, la commune comptait 433 habitants. L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir du xxie siècle, les recensements réels des communes de moins de 10 000 habitants ont lieu tous les cinq ans, contrairement aux autres communes qui ont une enquête par sondage chaque année
Histoire
L'établissement humain sur la colline de Vézelay est très antérieur à l'abbaye bénédictine. On a découvert en 2012 un mur carolingien sous le cloître de Vézelay. Des sarcophages mérovingiens ont été retrouvés dans le sous-sol de l'église Saint-Pierre, et sous l'un d'eux un sarcophage plus ancien. Du matériel gallo-romain trouvé sur la colline montre un centre d'activité économique (marché), un refuge et probablement un lieu de pèlerinage. Par ailleurs le site de Saint-Père, au pied de la colline, a été occupé par un important domaine gallo-romain avec plusieurs sanctuaires, et les sources des Fontaines Salées proches l'ont été depuis 2200 à 2300 avant J.C.
Vers 858, Girart de Roussillon choisira d‘assurer la pérennité de ses possessions en les transformant en deux communautés bénédictines, respectivement masculine et féminine : Pothières et Vézelay. Il fonde ainsi un monastère de femmes à l'emplacement actuel de Saint-Père. Il possède une villa, entourée de grands domaines. Le finage dans lequel les habitations se trouvent porte le nom de Vezeliacus qui deviendra Vizeliac puis Vézelay.
L‘existence et l‘organisation de ce Vézelay primitif n‘aura toutefois qu‘une faible postérité puisqu‘elle s‘interrompt brutalement environ dix ans plus tard, entre 871 et 877, lorsque les Normands poussent les moniales à la fuite. Girard demande alors leur remplacement par une communauté d‘hommes. L’abbaye est alors transférée sur la colline et des moines bénédictins remplacent les moniales. La position du monastère attira nombre de familles afin de profiter de la protection des murs du nouvel établissement. Celui-ci est dédié à la Vierge et aux apôtres saint Pierre et saint Paul. Son statut est assez particulier car elle a été affiliée à Cluny qui a bénéficié d'une exemption jusqu'en 1744 : « moyennant la redevance annuelle d'une livre d'argent, qu'elle payait au Saint-Siège, elle fut autorisée à ne reconnaître ni chef d'ordre, ni évêque diocésain, ni prince, ni seigneur quelconque. Elle forme une espèce de république théocratique, détachée d'abord de la monarchiecarolingienne, ensuite de la féodalité française, et ne conservant, ni avec l'une ni avec l'autre, aucun lien, aucun rapport de subordination. » Eudes, premier abbé, est mentionné en 897.
Certains auteurs affirment qu'en 882 le moine Badilon aurait apporté de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume à Vézelay, des reliques de Marie-Madeleine. Par contre, Eudes, premier abbé, est mentionné en 897.
Élu en 1037, l'abbé Geoffroy réforme l'abbaye et convainc ses contemporains que l'abbaye possède les restes de Marie-Madeleine : d'où pèlerinages, donc offrandes et donations.
Entre les années 1050 et 1250, Vézelay fut le plus grand sanctuaire magdalénien d‘Europe occidentale. Ceci profita naturellement aux habitants et le village devint une petite ville. « De là, chez eux, un esprit d'indépendance que le despotisme monastique irrita, et qui bientôt se manifesta par des révoltes sanglantes, des luttes opiniâtres ». Il faudra attendre une bulle pontificale pour que Madeleine devienne officiellement la patronne de l'abbaye (1050). Une telle prospérité attira Cluny : celle-ci soumit Vézelay et lui imposa l'abbé clunisien Artaud.
En 1060, Vézelay obtient le droit de commune
En 1096, Urbain II prêche la première croisade ; la construction de l’abbatiale est décidée. Elle est consacrée en 1104. L'impôt établi pour réaliser cette entreprise avait exaspéré les habitants qui se révoltèrent : l'abbé Artaud fut assassiné en 1106. Après bien des vicissitudes (révoltes, conflits seigneuriaux, incendie de 1120), le narthex ou église des Pèlerins pénitents fut construit : il ne sera dédicacé qu'en 1132). En 1137 l’abbé Albéric signa avec les habitants une charte qui définissait les droits de l'abbaye et des bourgeois : acte de sagesse qui fut loué en termes élogieux par Saint Bernard.
En 1146 la réputation de Vézelay est telle que Bernard de Clairvaux y prêche la deuxième croisade. Le lieu du prêche sera transformé en église commémorative : il en reste quelques débris connus sous le nom de la Cordelle.
L'abbé Ponce de Montbossier rétablit temporairement l'abbaye dans ses privilèges anciens d'indépendance (« pote, potestas Vezeliacensis »). Les abbés reçoivent du Vatican d'énormes prérogatives : le droit de porter la mitre, la crosse, l'anneau et les sandales La ville obtient des institutionscommunales en 1152, qui lui sont retirées dès 1155 par Louis VII le Jeune. Après la révolte de 1167, les habitants obtiennent des moines une charte écrite qui leur garantit des libertés enviables dans la région (« libertas Vezeliacensis »).
En 1190, Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion s'y donnent rendez-vous pour la troisième croisade. Le chœur de l'église romane est reconstruit en plus vaste. L'abbé Hugues, homme corrompu, dilapide les richesse de l'abbaye et sera destitué en 1207. Le déclin de l'abbaye commence, coïncidant en cela avec le déclin des ordres monastiques et celui des bénédictins en particulier.
Si vers 1215 l'abbatiale est achevée, les conflits avec les comtes de Nevers reprennent. Les différents papes et les rois de France ne pourront rien pour protéger la communauté religieuse. La protection des reliques de la Madeleine semble peu efficace, et les pèlerins se détournent de cette ville agitée par tant de conflits (soulèvement de 1250). Le papeClément IV lance une enquête pour comprendre les raisons d'une telle déchéance et ordonne une vérification solennelle des reliques de la Madeleine. Le roi saint Louis s'est associé à la cérémonie (24 avril 1267). Mais en 1279 le pape proclame que le corps retrouvé à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume est bien le corps de Marie Madeleine. Les pèlerins se détournent de Vézelay et la prospérité aussi : d'ailleurs l'apport, fête de Vézelay, change de date et se célèbre le jour de la Quasimodo.
En 1280 une ordonnance signée de Philippe le Hardi proclame le rattachement plus ou moins complet de Vézelay au domaine royal. Le pape Martin IV approuve le décret. L’ordonnance de 1312 de Philippe le Bel confirme que ville et abbaye sont une dépendance ordinaire du domaine royal. Les habitants ont compris que cette autorité leur permettait de contenir l'omnipotence abbatiale et d'échapper aux brutalités de seigneurs féodaux. Vézelay entre dans le cercle restreint des bonnes villes du royaume (il n'y en avait alors que 16).
Le 27 juillet 1421, les troupes du duc de Bourgogne, Philippe Le Bon attendent l'armée de secours à Vézelay. Elles font leur jonction avec les contingents anglais du roi Henri V, commandées par son frère, le duc de Bedford, Jean de Lancastre. Les deux armées rassemblent 12,000 hommes et se réunissent pour contrer les forces du Dauphin Charles àLa Charité-sur-Loire7.
L'abbé Hugues de Maison-Comte, conseiller de Charles V est reconnu pour son équité dans ses rapports avec les habitants de Vézelay, (1353-1383), et l'abbé Alexandre, conseiller de Philippe Le Bon pour son rôle diplomatique. Il exhorte les Vézeliens à quitter la ligue anglo-bourguignonne, et contribue au rapprochement entre Philippe le Bon etCharles VII et provoque la réunion du concile de Bâle en 1431. Il participe enfin à l'élaboration de la Pragmatique Sanction de Bourges en 1438.
Louis XI ne tolère pas que les abbés soient liés au duc de Bourgogne, Charles le Téméraire. Afin de s'assurer d'une place forte il impose brutalement un de ses courtisans Pierre de Balzac.
En 1538, une bulle accorde ce que les moines demandent depuis longtemps : à savoir la sécularisation. L'abbaye devient une simple collégiale, un chapitre de chanoines remplace les moines bénédictins et surtout le domaine est mis entre les mains d'abbés commendataires. François Ier essaie en vain d'obtenir que Vézelay devienne un évêché. La bulle de 1541 ne sera enregistrée par le Parlement de Paris qu'en 1653. Elle ne laisse au chapitre que des revenus insuffisants et favorise les abbés commendataires.
Lors des guerres de religion elle passe au gré de ses abbés, de place forte des Réformés à citadelle de la Ligue. L'influence de Théodore de Bèze, l'abbaye en pleine décadence, font de Vézelay une des premières villes de la région acquise au protestantisme. En mars 1569, la ville est prise par les troupes protestantes des capitaines Sarrasin et Blosset soucieuses de gagner une belle position militaire.
La ville est bientôt assiégée par les armées de Charles IX commandées par Louis Prévost de Sansac. La cavalerie est lancée sur Vézelay le 6 octobre, mais les capitaines retranchés dans la ville se défendent très bien en attaquant à leur tour. Les bombardements depuis Asquins et Saint-Père ne donnent rien. Le siège se transforme en blocus pour affamer la ville. La ville ne se rend pas malgré huit mois de siège et de combats intenses, grâce à un ravitaillement de secours de troupes protestantes. Sansac lève le camp, laissant la ville invaincue, le 25 février 15708.
Au traité de Saint-Germain (1570) Vézelay est l'une des deux villes du gouvernement de Champagne à autoriser les protestants à exercer librement leur culte.
En 1594, Edme de Rochefort, sieur de Pluvault, qui gouverne la ville au nom de la Ligue, livre la place à Henri IV et prend la tête des troupes royalistes pour prendre Avallon.
Son successeur Erard de Rochefort s'ingénie à réparer l'église de la Madeleine et ses dépendances, en particulier la chapelle basse : il fait des concessions équitables à la population. Mais les calamités s'abattent de nouveau sur la région avec la nomination de Louis Fouquet frère du surintendant : ce sont des procès interminables, l'abandon du privilège d'échapper à la juridiction de l'ordinaire et enfin les persécutions des protestants et ce bien avant la révocation de l'édit de Nantes. Vauban dans sa Statistique de l'Élection de Vézelay nous montre à quel point de misère et de ruines le pays se trouve confronté.
C'est sous l'abbé Jacques Berthier, prédicateur du roi que le château gaillard est détruit : l'abbé de Cours le trouve trop triste et lui préfère une construction plus au goût de l'époque (1752-1769). À la veille de la Révolution, Vézelay a perdu ses privilèges municipaux, voit sa population diminuer et n'est plus qu'un petit bourg.
Le 6 septembre 1790, les membres du Directoire d'Avallon, agissant en vertu des lois votées par l'Assemblée Constituante, et en exécution des arrêtés spéciaux du Directoire du département, signifièrent aux chanoines que désormais la Madeleine avait cessé d'exister".
En août 1834, Prosper Mérimée découvre en Bourgogne l'église abbatiale de Vézelay. Immédiatement il alerte le ministre de l'Intérieur sur l'état du monument : "il me reste à parler des dégradations épouvantables qu'a subies cette magnifique église. Les murs sont déjetés, pourris par l'humidité. On a peine à comprendre que la voûte toute crevassée subsiste encore. Lorsque je dessinais dans l'église, j'entendais à chaque instant des petites pierres se détacher et tomber autour de moi… enfin il n'est aucune partie de ce monument qui n'ait besoin de réparations… Si l'on tarde encore à donner des secours à la Madeleine, il faudra bientôt prendre le parti de l'abattre pour éviter des accidents"9.
De 1840 à 1859, la très longue campagne de restauration de l'église abbatiale de Vézelay est dirigée par l'architecte Eugène Viollet-le-Duc, assisté par ses inspecteurs des travaux, François Nicolas Comynet puis d'Émile Amé.
Les autorités ecclésiastiques et administratives locales décident de relancer le pèlerinage de la Sainte-Madeleine.
- Le 22 juillet 1876, la fête de la Sainte Madeleine est rétablie et Mgr Bernadou, archevêque de Sens, restitue à Vézelay la relique donnée en 1267 au Chapitre cathédrale de Sens par le pape Martin IV et le pèlerinage est rétabli. L'activité de l'abbé Barret, prêtre militant d'une reconquête catholique se heurte aux républicains, qui ne se privent pas de troubler les processions et même de dérober les nouvelles reliques en 1898.
- En 1919, Mgr Chesnelong, archevêque de Sens, nomme le chanoine Marie-Augustin Despiney comme curé doyen et qui va lancer une véritable politique culturelle pour faire connaitre Vézelay pendant 25 ans.
- En 1920, l'ancienne église abbatiale, paroissiale depuis la Révolution, reçoit le titre de basilique du Vatican, pour signaler son importance historique pour la chrétienté.
l'école des sœurs de Sainte-Madeleine, aujourd'hui le Centre Sainte-Madeleine, fut l'abri d'une quinzaine d'élèves réfugiées juives entre 1942 et 1944. Elles furent accueillies par la directrice, sœur Léocadie, Marie Arnol (1880-1952), élevée au rang des Justes parmi les Nations par l'état d'Israël en 2006.
- Vézelay (1951), documentaire réalisé par Pierre Zimmer et commenté par Pierre Fresnay.
- La Grande Vadrouille (1966) comédie réalisé par Gérard Oury, avec Bourvil et Louis de Funès22.
- Mon oncle Benjamin (1969) comédie réalisé par Édouard Molinaro, avec Jacques Brel et Claude Jade23.
- Le Voyage à Vézelay (2005), film de Pierre Creton
- Pierre le Vénérable, (vers 1092-1156) fut accueilli à Vézelay par l'abbé Renaud de Semur comme seniorum doctor et custos ordinis vers 1115-116, jusqu'en 1120, avant de devenir l'abbé de Cluny en 1122.
- Bernard de Clairvaux, (1090-1153), l'abbé et grande figure intellectuelle de son époque a sur l'insistance du pape Eugène III prêché la deuxième croisade à Vézelay, le31 mars 1146, devant le roi Louis VII et sa femme, Aliénor d'Aquitaine.
- Thomas Becket, (1117-1170), l’archevêque de Canterbury et ancien chancelier en exil, prononce un sermon important à Vézelay, pour la pentecôte, le 12 juin 1166. Il excommunie les seigneurs complices du roi Henri II, qu'il condamne solennellement pour les constitutions de Clarendon.
- Théodore de Bèze (1519-1605), pasteur, écrivain, historien, ambassadeur et théologien protestant, successeur de Jean Calvin à Genève. Il est né au 55, rue Saint-Étienne, fils du bailli de Vézelay.
- Edme Étienne Borne Desfourneaux (1767-1849), général des armées de la République et de l'Empire.
- Prosper Mérimée (1803-1870), sa redécouverte de Vézelay, a lancé le programme de sauvegarde et de rénovation de la basilique.
- Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879), architecte, archéologue et écrivain français, a séjourné a de très nombreuses reprises à Vézelay pendant les 19 années qu'ont pris la reconstruction et la restauration de l'église abbatiale de Vézelay entre 1840 et 1859.
- Romain Rolland (1866-1944), l'écrivain, prix nobel de littérature s'est installé à Vézelay en 1938 et y demeure jusqu'à sa mort le 30 décembre 1944.
- Georges Bataille (1897-1962), l'écrivain a vécu régulièrement à Vézelay à partir de mars 1943. Il y est inhumé en 196224.
- Christian Zervos (1889-1970), l'éditeur réside régulièrement dans sa maison de vacances, au hameau de la Goulotte de 1937 jusqu'à sa mort en 1970. Il est enterré avec sa femme à Vézelay à qui il a légué sa fortune pour y créer la Fondation Christian et Yvonne Zervos25.
- Jules Roy (1907-2000), l'écrivain s'installe au village en 1978 jusqu'à sa mort le 15 juin 2000. Il y est enterré.
L"ABBAYE SAINTE-MADELEINE
- Vers 858 ou 859, fondation d'un monastère de moniales par Girart de Roussillon et sa femme Berthe à l'emplacement actuel du village de Saint-Père, placé sous l'invocation de la Vierge. Une bulle pontificale de Nicolas Ier, en 863, garantit la protection directe par le Saint-Siège de l'abbaye de Vézelay qui échappe ainsi à l'autorité des évêques d'Autun. Les privilèges de l'abbaye seront confirmés en868 par le roi Charles le Chauve.
- En 873 l'abbaye de Saint-Père est dévastée par les Normands qui remontent la Seine, l'Yonne et la Cure. Les moines bénédictin s'installent au sommet de la colline de Vézelay, l'abbaye passe sous le vocable de Saint-Pierre.
- Le pape Jean VIII dédicace la première église carolingienne du monastère en 878, dont la crypte subsiste de nos jours.
- En 882, à la suite de troubles provoqués par les Sarrasins en rovence, un moine nommé Badilon est envoyé à Saint-Maximin enProvence pour ramener les reliques de Marie de Magdala. Un deuxième incendie de l'abbaye arrive entre 907 et 927.
- Les premiers conflits entre les abbés de Vézelay et les comtes de Nevers éclatent en 1027. Ces conflits reviennent en 1147, en 1149, en 1152, en 1161. Avec l'appui du comte de Nevers, Landry de Nevers, l'abbé de Cluny, Odilon, intervient à Vézelay pour rétablir l'ordre. Il chasse de l'abbaye de Vézelay l'abbé Hermann. Cette intervention de l'abbé de Cluny intervient à un moment d'affrontement entre Cluny, les évêques et la papauté. L'abbé de Cluny, Odilon, prétextant d'un privilège du pape Grégoire V sur le libre choix du prélat consécrateur avait choisi un autre prélat que l'évêque du diocèse dont relevait Cluny. Les évêques réunis dans un concile à Anse en 1025 rappellent que ce privilège était en violation du canon IV du concile de Chalcédoine qui soumettait les monastères à l'évêque de leur diocèse. Le 26 mars 1027 le pape Jean XIX répond au cours d'un concile réunit à Rome la primauté de l'église romaine, « tête et gond » de toutes les églises de la chrétienté. Il ajoute qu'une traditio avait fait de Cluny la propriété de la seule papauté qui était, de ce fait, placé sous la seule juridiction de l'évêque de Rome. L'acte pontifical du 28 mars 1027 confirme l'exemption clunisienne. Pour justifier l'intervention de Cluny les responsables citent les privilèges apostoliques consacrant la liberté de l'abbaye de Vézelay face à la règle de soumission de l'abbaye à l'évêque du diocèse. Cette liberté était basée sur les privilèges pontificaux obtenus depuis 863. À partir de cette tradition rattachant Vézelay à Rome, les abbés de Cluny cherchent à obtenir que tous les monastères dépendant du siège de Rome relèvent de l'acte pontifical du28 mars 1027. L'évêque Adalbéron de Laon raille en 1027 le « roi Odilon ». Les évêques s'opposent violemment à cette intervention de Cluny. Guillaume de Volpiano, pourtant proche de Cluny, écrit que la réforme de Vézelay était dangereuse pour Cluny. Cluny doit abandonner son projet et, Hermann, l'abbé « ignominieusement » chassé peut revenir à Vézelay avec ses moines.
- En 1037, l'abbé Geoffroy (1037-1052) remplace l'abbé Hermann et réforme l'abbaye. Il expose les reliques de Marie-Madeleine. Des miracles se produisent. Les pèlerins affluent et font de Vézelay le point de départ du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle.
- En 1050 l'abbaye, qui était à l'origine placée sous l'invocation de Sainte-Marie, passe sous le patronage de Marie-Madeleine.
- En 1058 le pape reconnaît solennellement les reliques. Les textes ne permettent pas de connaître la succession des abbés de Vézelay entre 1050 et 1096, date de l'élection de l'abbé Artaud. On suppose que le rattachement de l'abbaye de Vézelay à l'abbaye de Cluny n'a pu intervenir qu'après la mort de l'abbé Geoffroy, probablement avant1058, et que l'abbé de Cluny, Hugues de Semur, a rempli la fonction d'abbé de Vézelay pour rétablir la discipline monastique. C'est ce que laisse penser la Vie de SaintHugues rédigée par Renaud de Semur vers 1126 : « Qui ramena l'église Sainte-Marie-Madeleine à la primitive observance régulière, si ce n'est ce sainthomme ! ». Un acte délivré par le pape Étienne IX en mars 1058 place l'abbaye de Vézelay au nombre des monastères soumis, à cette époque, à l'abbé Hugues de Cluny. Cette hypothèse est d'autant plus probable qu'un acte du pape Victor II délivré le 11 juin 1055 confirmant les concessions de Cluny ne mentionne pas l'abbaye de Vézelay. En 1069 les textes mentionnent un abbé Boniface.
- La réputation de l'abbaye permet au village de prospérer. Le bourg se développe et devient une ville qui attire de plus en plus de pèlerins tels que le duc de BourgogneHugues II et sa cour en 1084. Ou, plus tard, Bernard de Clairvaux (SaintBernard) qui vient pour prêcher la 2e croisade en 1146, Philippe-Auguste et Richard Cœur de Lion, avant leur départ pour la 3e croisade en 1190, ou encore Louis IX en 1248… En 1076 le pape Grégoire VII cite l'abbaye de Vézelay parmi les neuf abbayes soumises à l'ordinatio de Cluny.
- 1096 : L'abbé Artaud entreprend l'édification d'une nouvelle église, un nouveau chœur et un nouveau transept sont construits, les travaux dureront jusqu'en 1104. Seule lanef de l'église carolingienne sera conservée.
- En 1098 l'évêque d'Autun, Norgaud de Toucy, (1098-1112), profitant de la querelle avec l'église de Saint-Maximin, jaloux de l'indépendance de l'abbaye, interdit le pèlerinage.
- Dans un acte du 15 novembre 1100 le pape Pascal II confirme le rattachement de l'abbaye de Vézelay à celle de Cluny. Dans cet acte il réduit les dépendances de Cluny au rang de prieurés, mais autorise douze maisons à garder leur titre d'abbayes. Il rappelle que l'abbé doit être désigné, sans violence ni ruse, par l'accord de tous les frères ou par la sanior pars, selon la Règle de Saint Benoît, mais avec l'avis de l'abbé de Cluny. Ces abbayes, comme Vézelay, étaient souvent plus anciennes que Cluny et acceptaient mal cette dépendance. En 1103 les moines obtiennent l'appui du pape Pascal II qui fait une bulle d'approbation des reliques.
- Le 21 avril 1104 a lieu la dédicace du chœur et du transept de la nouvelle église. Mais en 1106 les habitants, qui ne supportent plus la charge du financement des travaux de construction de la nouvelle église, se révoltent et tuent l'abbé Artaud. Renaud de Semur (1106-7 août 1129), petit-neveu de l'abbé de Cluny Hugues de Semur, devient abbé de Vézelay avant d'être archevêque de Lyon. Les chapiteaux sont peut-être commencés dès cette date.
- Nommé en 1116/1117 par l'abbé Pons de Melgueil, Pierre le Vénérable est écolâtre et prieur à Vézelay jusqu'en 1120 avant de rejoindre l'abbaye de Cluny et d'en devenir l'abbé en 1122. Il est probable qu'il a dû inspirer les thèmes des chapiteaux et des tympans2.
- Le 21 juillet 1120 c'est lors de la veillée de Sainte-Madeleine que la charpente de l'abbatiale prend feu et s'effondre (causant la mort de 1 127 personnes d'après la Chronique de Saint-Maixent).
- L'abbé Renaud de Semur, reparator monasterii Vezeliacensis, entreprend la reconstruction de la nef. Elle est achevée vers 1132. Les irrégularités du plan de la nef près du transept sont dues au raccordement avec les piles de l'église de l'abbé Artaud. La construction aurait été entreprise d'ouest en est. Après 1125 les moines auraient fait appel au célèbre Gislebertus d’Autun pour le tympan du portail central qui offre, malgré les destructions révolutionnaires, quelques traces de son style. Par contre Jean Adhémarattribue le tympan du portail central au maître des chapiteaux du déambulatoire de Cluny.
- En 1129, malgré les avis répétés du pape Calixte II en 1120 et Honorius II en 1125, après le départ de Renaud de Semur qui a été nommé archevêque de Lyon, les moines passent outre l'avis de l'abbé de Cluny et désignent un abbé qui reçoit la bénédiction de l'évêque d'Autun trop heureux de rétablir son autorité sur l'abbaye. En 1131, avec l'approbation du pape Innocent II, l'abbé de Cluny Pierre le Vénérable choisit le sous-prieur de Cluny, Albéric, comme abbé de Vézelay. Les moines rebelles à l'autorité de Cluny sont répartis dans des monastères clunisiens. Le nouvel abbé doit affronter l'opposition des moines, celle de l'évêque d'Autun Étienne Ier de Baugé puis Robert de Bourgogne, et l'hostilité des comtes de Nevers Guillaume II et Guillaume III.
- En 1132 consécration de la chapelle des pèlerins qui est très probablement la chapelle de l'hôtellerie. Après 1135 et l’achèvement de la nef, les travaux se poursuivirent par l’avant-nef, construction des trois travées du narthex roman à l'avant de la nef. Renaud de Semur avait voulu donner une signification particulière à sa réalisation grâce à un vaste programme sculpté : les trois portails de la nef ont été confiés à des sculpteurs dont le principal avait exécuté les chapiteaux de l’abside de Cluny. La construction de cette avant-nef s'était imposée pour permettre la formation des processions comme à Cluny.
- En 1138 Albéric est nommé cardinal-évêque d'Ostie. C'est le propre frère de l'abbé de Cluny Pierre le Vénérable, Ponce de Montboissier, qui est élu abbé de Vézelay. Ce nouvel abbé voulut assoir l'indépendance de l'abbaye vis-à-vis de l'évêque d'Autun. Entre 1145 et 1152 réalisation de la voûte de la chapelle Saint-Michel située à l'étage sur la tribune avec une croisée d'ogives, la plus ancienne de Bourgogne et l'une des plus anciennes de France. Consécration de la chapelle par Hugues d'Amiens, archevêque de Rouen (1129-1164).
- En 1151 le pape Eugène III institue une enquête sur les droits respectifs des évêques d'Autun et des abbés de Vézelay.
- 31 mars 1146 : Le jour de Pâques, Bernard de Clairvaux, abbé de Clairvaux, prêche la seconde croisade sur le versant nord de la colline.
- En 1159, à la mort du pape Adrien IV, élection du pape Alexandre III. Une minorité de cardinaux favorables à l'empereur Frédéric Barberousse élisent l'antipape Victor IV. Alexandre III doit se réfugier à Sens en 1162 jusqu'en 1165. Pendant ce schisme l'abbé de Cluny soutient l'antipape Victor IV et l'abbé de Vézelay, Guillaume de Mello, le pape Alexandre III.
- En 1162 le pape Alexandre III, pour récompenser le soutien de l'abbé de Vézelay, permet à l'abbaye de se séparer de la congrégation de Cluny. L'abbaye s'affranchit de l'évêque d'Autun en se plaçant sous la protection du roi de France.
- En 1165 un incendie ravage la crypte située sous le chœur.
- C'est lors de la fête de la Sainte Madeleine de 1166 que l'archevêque de Cantorbéry Thomas Becket expose au peuple assemblé la cause de son différent avec le roi d'Angleterre et la persécution sacrilège dont il était l'objet. Il prononce dans l'église une série d'excommunications importantes, comme celle de Jean d'Oxford, évêque de Norwich pour avoir usurpé le doyenné de la cathédrale de Salisbury et communiqué avec les partisans de l'antipape. Il excommunia également Richard de Ilchester, évêque de Winchester pour communications avec les ennemis du pape, ainsi que Richard de Luci et Jocelin de Balliol pour avoir rédigé les constitutions de Clarendon. Ranulf de Broc, Hugh de Saint Clair et Thomas Fitzbernard furent excommuniés pour avoir occupé les possessions deCanterbury. Il s'abstint in extremis d'excommunier le roi Henri II d'Angleterre car il venait de tomber gravement malade.
- La construction d'un chœur et d'un transept gothique est entreprise en 1185 vraisemblablement à l'initiative de l'abbé Girard d'Arcy (1171-1198).
- Le 2 juillet 1190 l'armée anglaise de Richard Cœur de Lion et l'armée française de Philippe-Auguste partent de Vézelay pour la 3ecroisade. Le chœur a dû être terminé par l'abbé Gautier (1207-1216) qui a fait bâtir le transept.
- La fondation du premier couvent franciscain de France, sur le flanc nord-est de la colline à la Chapelle de la Cordelle 1217.
- L'abbé Jean d'Auxerre (1252-1269) veut revivifier la dévotion à Sainte-Marie-Madeleine et procède à une reconnaissance solennelle de ses reliques par deux légats du Saint-Siège: Pierre, évêque de Panéade et Guy de Mello (1247-1270), évêque d'Auxerre. Guy de Mello, venait d'être investi par le pape Clément IV du commandement d'une expédition destinée à maintenir Charles d'Anjou sur letrône de Naples et de Sicile, et c'est donc en passant par Vézelay qu'il fit procéder aux constations dont le procès-verbal a été conservé. Le 9 octobre 1265, jour de la Saint Denis.
- Cette reconnaissance est suivi deux ans plus tard, le 24 avril 1267 par un transfert officiel des reliques en présence du cardinal Simon de Brion, légat du pape, et du roi Saint Louis, venus spécialement à l'abbaye à qui il offrit deux reliquaires. D'autres grands personnages sont présents comme le duc de Bourgogne et le comte de Champagne.
- En 1279, l'ouverture du tombeau de la Sainte à Saint-Maximin confirme aux yeux de l'église qu'il contenait bien les reliques de la Sainte et les pèlerins vont progressivement se détourner de l'abbaye.
- Le 6 avril 1295 le pape Boniface VIII prend alors le parti de l'abbaye de Saint-Maximin et réunit les reliques de la Sainte Baume avec celles de Saint Jean de Latran à Rome. Une bulle pontificale confirme l'établissement de dominicains à Saint-Maximin.
- Vers 1347 construction de la tour occidentale en style gothique. Ce sera le dernier grand chantier de l'abbaye avant son déclin.
- L'Abbé de Vézelay délivre un certificat le 10 février 1449 constatant les titres établissant l'exemption de l'Abbé de l'Abbaye de Saint-Martin d'Autun de la juridiction de l'évêque d'Autun au sujet d'Anzy.
- En 1458 le pape Pie II constate que les pèlerins ont délaissé l'abbaye et que les aumônes sont trop faibles pour les finances de l'abbaye.
« L'église du monastère de sainte Marie-Madeleine de Vézelay (…) a besoin de réparations considérables (…). Il faut en particulier reconstruire son clocher principal, détruit dernièrement par la foudre, lequel était fort beau et répondait à l’importance dudit monastère, ses cloches ont été fondues (…). Mais, à raison des guerres cruelles et meurtrières qui ont duré longtemps en France et surtout dans ces régions, très dépeuplées pour ce motif, à raison aussi des épidémies qui ont sévi, des sinistres événements qui s’y sont produits, ce lieu est peu fréquenté aujourd’hui, et les populations sont tellement appauvries et la piété s’est tellement refroidie, que le sacristie a peine maintenant, et aura plus de difficultés encore dans la suite, à subvenir, par ces offrandes et ces aumônes si modiques, à une partie du luminaire de la sonnerie des cloches. »
- En 1537 le pape Paul III sécularise l'abbaye. Les moines sont remplacés par quinze chanoines séculiers placés sous l'autorité d'un abbé commendataire nommé par le roi.
- En 1555, le cardinal Odet de Coligny est nommé abbé de Vézelay et se convertit officiellement au calvinisme au colloque de Poissy en septembre 1561. Il devient avec ses frères l'amiral de Coligny et François de Coligny d'Andelot un chef de file des huguenots en France.
- En 1568 et 1569 l'abbaye est occupée par les soldats huguenots puis par les troupes royales.
- L'indépendance de l'abbaye vis-à-vis du pouvoir ecclésiastique, réalisée par Girart d’Arcy prend fin par un arrêt du Conseil d’État de 1673, les évêques conquéraient légalement un droit de prédominance hiérarchique sur l’abbaye7.
- L'ensemble des bâtiments sont au bord de la ruine dans un rapport de 1668 et 16808.
- En 1760 les bâtiments abbatiaux à l'abandon sont partiellement vendus et démolis.
- En 1790 l'abbatiale Sainte-Marie-Madeleine devient une simple église paroissiale.
- Le collège des chanoines est supprimé le 6 décembre 1790.
- L'abbaye est vendue à la Révolution, et sert de carrière de pierres : il n'en reste pratiquement rien. Seule la salle capitulaire est encore en bon état de conservation, servant aujourd'hui de chapelle. Le long de cette salle, il reste quelques arcades du cloître. Les maisons adjacentes portent toutes des traces des bâtiments conventuels qui étaient sans doute de grande proportion.
- En 1793 les sculptures extérieures et intérieures des portails sont décapitées et mutilées par Hubert Lerond, maçon qui travailla ensuite à la restauration de l'église.
- Le 22 octobre 1819 nouvel incendie dû à la foudre qui s'est abattue sur la tour Saint-Michel.
- Le 9 août 1834, Prosper Mérimée découvre l'église abbatiale de Vézelay en ruine et décrit la majesté du monument dans ses Notes de voyage dans le midi de la France.
« il me reste à parler des dégradations épouvantables qu'a subies cette magnifique église. Les murs sont déjetés, pourris par l'humidité. On a peine à comprendre que la voûte toute crevassée subsiste encore. Lorsque je dessinais dans l'église, j'entendais à chaque instant des petites pierres se détacher et tomber autour de moi… enfin il n'est aucune partie de ce monument qui n'ait besoin de réparations… Si l'on tarde encore à donner des secours à la Madeleine, il faudra bientôt prendre le parti de l'abattre pour éviter des accidents »
- C'est en 1840 qu'intervient Eugène Viollet-le-Duc pour la restauration du bâtiment, à la suite de l'inspection faite par Prosper Mérimée, et le placement sur la liste des monuments historiques de 1840. Cette protection au titre des monuments historiques inclut le bâtiment des moines, comme confirmé par la Commission supérieure des monuments historiques du 25 mars 1968.
- Le 23 juillet 1876 Victor-Félix Bernadou, archevêque de Sens remets des reliques de Sainte Marie-Madeleine remises par le pape Martin IV et conservées au trésor de la cathédrale de Sens depuis 1281. Cette cérémonie marque le rétablissement des pèlerinages modernes qui seront de nouveaux arrêtés en 1912.
- Le
Les Remparts de Vezelay
La muraille d'enceinte a été construite au tout début du xiie siècle. Elle épouse la forme de la colline. Les guerres de Cent Ans puis celles de religion ont eu raison du bel ensemble.
- L'ancienne église Saint-Étienne
Sise aux 2, 4, 6, rue Saint-Étienne, près de la porte du Barle présente la façade du bas-côté nord sur rue. Cette église de fondation ancienne date du début du xiie siècle. La paroisse de Saint-Étienne est supprimée par décret en 1791 ; à partir de 1794 l'église sert de marché aux grains, avant d'être vendue en 1797. Bien qu'ayant subi de nombreuses transformations (« elle est raccourcie d'une ou deuxtravées lors de la construction, au xviie siècle d'un clocher carré que surmontait une haute toiture qui fut démolie peu de temps après laRévolution française », les contreforts ont été arasés au nu du mur, de nouveaux percements ont été effectués, etc.), elle présente encore aujourd'hui encore un porche ouvert voûté en berceau plein-cintre typique de l'architecture romane.
L'ancienne église Saint-Étienne est inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1960.
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- L'ancienne église Saint-Pierre
Le clocher de cette église subsiste a mi-parcours de la colline, place Borot. Fondée en 1152, son histoire est peu documentée : on sait que la voûte s'effondre le 26 février 1587 et que la grosse cloche (fondue en 1633 de l'horloge est placée dans la tour en 1688. En l'an II, l'église est détruite, à l'exception de la tour de l'horloge (conservée pour cause d'utilité publique). Le clocher semble dater du xviie siècle, il porte une inscription selon laquelle il a été restauré en 1859. L'emplacement de l'église Saint-Pierre est resté non bâti, il est marqué par un mur bahut, il s'appelle actuellement place Borot. À la fin du xixe siècle six tilleuls sont plantés autour de la place Borot. Il a été question pendant le xixe siècle d'y bâtir un marché couvert, cependant la place Borot sert de parking.
- La chapelle de la Cordelle
Située sur le flanc nord de la Colline (à gauche de la basilique lorsqu'on en regarde la façade), à mi-pente en direction du village d'Asquins, la chapelle Sainte-Croix dénommée aujourd'hui La Cordelle, a été construite dans l'année qui a suivi la prédication de la seconde croisade en 1146 par saint Bernard. Les premiers franciscains venus d'Italie, en 1217, y construisirent un couvent. « L'église désignée sous le nom de chapelle Saint-Fiacre, subsiste encore ; elle présente, en plan, une forme à peu près carrée de 7 mètres 50 de largeur. La voûte est en berceau ogival et s'appuie sur des murs décorés d'arcatures plein-cintre reposant sur des colonnes élégantes. Le profil des moulures est d'une très grande pureté et habileté d'exécution. Une petite chapelle absidale est murée ; sa voûte est défoncée... ». En 2011, 3 frères franciscains résident à la Cordelle.
- La Maison Zervos, est l'oeuvre des architectes Jean Badovici et Eileen Gray. La villa de Christian et Yvonne Zervos est devenue une Fondation et un lieu d'exposition dédié à l'art contemporain et à l'architecture, sur une terrasse qui domine le village20.
- Le Musée de l'Œuvre Viollet-le-Duc, situé à côté de la basilique, dans l'ancien dortoir des moines. Présentation du chantier de restauration de la basilique.
- La Maison Romain Rolland que Romain Rolland a occupée de 1937 jusqu'à sa mort en décembre 1944, abrite le musée Zervos qui présente la collection d'œuvres d'art constituée par Christian Zervos, éditeur des Cahiers d'art de 1926 à 1960.
- La Maison Jules Roy: dernière demeure de l'écrivain Jules Roy. Le Conseil Général de l'Yonne en a fait une maison qui invite des écrivains en résidence.
- Le Musée de la Pierre écrite au hameau de la Goulotte. Collection de géologie, de minéralogie et de paléontologie.
En apparence, rien ne prédisposait Christian Zervos à venir s’installer au hameau de La Goulotte à Vézelay, sinon pour fuir le Tout-Paris des années 30. Un ami de jeunesse, Jean Badovici, l’y aurait attiré avec sa future épouse Yvonne Marion, à l’occasion d’une pendaison de crémaillère. Son associée Eileen Gray, déjà partie dans le sud à Roquebrune ou à Castellar, ne serait pas intervenue dans la transformation du futur séjour des Zervos. Une de ses biographes, l’historienne d’art Caroline Constant, admet simplement une "assistance possible d'Eileen Gray". C’est cependant à Vézelay que la designer expérimenta ce qui fit d’elle une authentique architecte.
Dans une carte postale datée d’août 1937, Yvonne Zervos évoque les lieux qu’ils viennent d’acquérir: "Une chambre à feu et une chambre à four au rez-de-chaussée, une chambre et un cabinet au premier étage, un grenier dessus couvert de tuiles, une cave derrière ayant entrée par la grange". La description sommaire ne mentionne pas la pittoresque tour hors-oeuvre, qui n’eut jamais d’usage précis. Certifiée par aucun plan, la maison fut-elle achevée ultérieurement?
Extérieurement asymétrique, La Goulotte atteste un réel souci de composition intérieure, digne de praticiens d’une architecture qu’aucun artisan ne pouvait maîtriser seul. Une double mezzanine libre de tout cloisonnement, une large baie en bandeau coulissant pour l’étage surélevé, quelques éléments intérieurs et la répartition de la lumière naturelle sont typiques de ce que Badovici et Gray avaient déjà conçu dans le bourg de Vézelay.
Certains agencements nous rappellent d’une manière troublante la facture d'Eileen Gray. L’escalier en vis de la tour, par exemple, et les étroites montées aux mezzanines font étrangement écho à ceux de l’E1027. Une pièce de rangement a même été conçue comme un véritable meuble, ajouré d’une percée vers l’extérieur. Par ailleurs, une habitation attenante, qui servit de maison de gardiennage, nous rappelle encore la distribution des espaces réduits prisés par Gray. Ce bâtiment, tout en longueur et coiffé d’une couverture à pente unique, crée un bel effet de volume en trompe-l’oeil avec le toit mitoyen.
Agréable lieu de villégiature, hormis la période de guerre où les Zervos s’y réfugièrent, La Goulotte fut organisée pour l’accueil des amis de passage, mais aussi pensée pour le travail et le repos. Artistes, poètes, critiques d’art, architectes et mécènes s’y succédèrent. Léguée en 1970 par Christian Zerrvos à la ville de Vézelay, La Goulotte est aujourd’hui administrée par l’association "Fondation Christian et Yvonne Zervos" qui entretient et fait vivre le lieu. Les visites de la maison sont organisées lors des Journées du Patrimoine.
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Le 27 juillet 1421, les troupes du duc de Bourgogne, Philippe Le Bon attendent l'armée de secours à Vézelay. Elles font leur jonction avec les contingents anglais du roi Henri V, commandées par son frère, le duc de Bedford, Jean de Lancastre. Les deux armées rassemblent 12,000 hommes et se réunissent pour contrer les forces du Dauphin Charles àLa Charité-sur-Loire7.
L'abbé Hugues de Maison-Comte, conseiller de Charles V est reconnu pour son équité dans ses rapports avec les habitants de Vézelay, (1353-1383), et l'abbé Alexandre, conseiller de Philippe Le Bon pour son rôle diplomatique. Il exhorte les Vézeliens à quitter la ligue anglo-bourguignonne, et contribue au rapprochement entre Philippe le Bon etCharles VII et provoque la réunion du concile de Bâle en 1431. Il participe enfin à l'élaboration de la Pragmatique Sanction de Bourges en 1438.
Louis XI ne tolère pas que les abbés soient liés au duc de Bourgogne, Charles le Téméraire. Afin de s'assurer d'une place forte il impose brutalement un de ses courtisans Pierre de Balzac.
En 1538, une bulle accorde ce que les moines demandent depuis longtemps : à savoir la sécularisation. L'abbaye devient une simple collégiale, un chapitre de chanoines remplace les moines bénédictins et surtout le domaine est mis entre les mains d'abbés commendataires. François Ier essaie en vain d'obtenir que Vézelay devienne un évêché. La bulle de 1541 ne sera enregistrée par le Parlement de Paris qu'en 1653. Elle ne laisse au chapitre que des revenus insuffisants et favorise les abbés commendataires.
Lors des guerres de religion elle passe au gré de ses abbés, de place forte des Réformés à citadelle de la Ligue. L'influence de Théodore de Bèze, l'abbaye en pleine décadence, font de Vézelay une des premières villes de la région acquise au protestantisme. En mars 1569, la ville est prise par les troupes protestantes des capitaines Sarrasin et Blosset soucieuses de gagner une belle position militaire.
La ville est bientôt assiégée par les armées de Charles IX commandées par Louis Prévost de Sansac. La cavalerie est lancée sur Vézelay le 6 octobre, mais les capitaines retranchés dans la ville se défendent très bien en attaquant à leur tour. Les bombardements depuis Asquins et Saint-Père ne donnent rien. Le siège se transforme en blocus pour affamer la ville. La ville ne se rend pas malgré huit mois de siège et de combats intenses, grâce à un ravitaillement de secours de troupes protestantes. Sansac lève le camp, laissant la ville invaincue, le 25 février 15708.
Au traité de Saint-Germain (1570) Vézelay est l'une des deux villes du gouvernement de Champagne à autoriser les protestants à exercer librement leur culte.
En 1594, Edme de Rochefort, sieur de Pluvault, qui gouverne la ville au nom de la Ligue, livre la place à Henri IV et prend la tête des troupes royalistes pour prendre Avallon.
Son successeur Erard de Rochefort s'ingénie à réparer l'église de la Madeleine et ses dépendances, en particulier la chapelle basse : il fait des concessions équitables à la population. Mais les calamités s'abattent de nouveau sur la région avec la nomination de Louis Fouquet frère du surintendant : ce sont des procès interminables, l'abandon du privilège d'échapper à la juridiction de l'ordinaire et enfin les persécutions des protestants et ce bien avant la révocation de l'édit de Nantes. Vauban dans sa Statistique de l'Élection de Vézelay nous montre à quel point de misère et de ruines le pays se trouve confronté.
C'est sous l'abbé Jacques Berthier, prédicateur du roi que le château gaillard est détruit : l'abbé de Cours le trouve trop triste et lui préfère une construction plus au goût de l'époque (1752-1769). À la veille de la Révolution, Vézelay a perdu ses privilèges municipaux, voit sa population diminuer et n'est plus qu'un petit bourg.
Le 6 septembre 1790, les membres du Directoire d'Avallon, agissant en vertu des lois votées par l'Assemblée Constituante, et en exécution des arrêtés spéciaux du Directoire du département, signifièrent aux chanoines que désormais la Madeleine avait cessé d'exister".
En août 1834, Prosper Mérimée découvre en Bourgogne l'église abbatiale de Vézelay. Immédiatement il alerte le ministre de l'Intérieur sur l'état du monument : "il me reste à parler des dégradations épouvantables qu'a subies cette magnifique église. Les murs sont déjetés, pourris par l'humidité. On a peine à comprendre que la voûte toute crevassée subsiste encore. Lorsque je dessinais dans l'église, j'entendais à chaque instant des petites pierres se détacher et tomber autour de moi… enfin il n'est aucune partie de ce monument qui n'ait besoin de réparations… Si l'on tarde encore à donner des secours à la Madeleine, il faudra bientôt prendre le parti de l'abattre pour éviter des accidents"9.
De 1840 à 1859, la très longue campagne de restauration de l'église abbatiale de Vézelay est dirigée par l'architecte Eugène Viollet-le-Duc, assisté par ses inspecteurs des travaux, François Nicolas Comynet puis d'Émile Amé.
Les autorités ecclésiastiques et administratives locales décident de relancer le pèlerinage de la Sainte-Madeleine.
- Le 22 juillet 1876, la fête de la Sainte Madeleine est rétablie et Mgr Bernadou, archevêque de Sens, restitue à Vézelay la relique donnée en 1267 au Chapitre cathédrale de Sens par le pape Martin IV et le pèlerinage est rétabli. L'activité de l'abbé Barret, prêtre militant d'une reconquête catholique se heurte aux républicains, qui ne se privent pas de troubler les processions et même de dérober les nouvelles reliques en 1898.
- En 1919, Mgr Chesnelong, archevêque de Sens, nomme le chanoine Marie-Augustin Despiney comme curé doyen et qui va lancer une véritable politique culturelle pour faire connaitre Vézelay pendant 25 ans.
- En 1920, l'ancienne église abbatiale, paroissiale depuis la Révolution, reçoit le titre de basilique du Vatican, pour signaler son importance historique pour la chrétienté.
l'école des sœurs de Sainte-Madeleine, aujourd'hui le Centre Sainte-Madeleine, fut l'abri d'une quinzaine d'élèves réfugiées juives entre 1942 et 1944. Elles furent accueillies par la directrice, sœur Léocadie, Marie Arnol (1880-1952), élevée au rang des Justes parmi les Nations par l'état d'Israël en 2006.
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