"Nous écrivons tous en sachant que nous sommes battus
avant le départ. Et lorsque toutes ces "créations" auront été finalement lues et digérées, les hommes continueront à s'étripailler comme par le passé. Nul auteur, fut-il le plus grand, n'a jamais
pu échapper à ce fait".
Miller a 39 ans. physiquement il avait un type nettement mongol: au repos ses traits étaient ceux d'un mandarin. A part une frange de cheveux
grisonnants qui lui faisaient une auréole, il était complètement chauve; son crâne brillait comme du mica. Ses yeux, deux fentes obliques, étaient parfaitement chinois. D'une couleur vert de mer,
Ils vous transperçaient à travers de grosses lunettes d'écaille. Il avit un regrad où s'alliait une malice bienveillante et une sorte de bonté inhumaine. Maigre et noueux, il paraissait assez
grand; il avait la démarche jeune et souple du dieu Pan
Henry Miller à 8 ans et à 80 ans
En 1891, il naît dans le quartier de Yorkville, à Manhattan, New-York, , au-dessus d'un bar, au 450 de la 85e
rue, le 26 décembre (Capricorne), de parents américains, tous deux, les Miller et les Insel, d'ascendance allemande. Les deux grand-pères ayant émigré pour échapper au service militaire. Heinrich
Müller était de Hanovre et américanisa son nom en Miller. Son épouse Barbara Kropf était originaire de Hesser-Darmstadt. Le père d'Henry est Tailleur. Déménagement et installation à Brooklyn la
même année, au 662 de Driggs avenue, dans un quartier appelé Williamsburg. C'est donc là qu'Henry deviendra le légendaire gamin de Brooklyn.
Avant d'aller à l'école, Henry parlera exclusivement l'allemand.
La amison des Miller ne briques rouges, dominait les autres,
plus basses, alignées de chaque côté de l'avenue. Lorsqu'on lui mettait son petit costume à la Lord Fauntleroy, un lacet autour du coui, il n'osait pas mettre le nez dehors. Il passait la plupart
de son temps dans des pièces impeccablement propres et bien rangées
La famille avec sa soeur Lauretta, née en 1895 (handicapée mentale)
Henry en classe terminale de l'Ecole de Brooklyn, le 3e en bas en commençant par la
gauche(Fléché.
Il avait neuf ans, quand il prit conscience que Lauretta, sa petite soeur, était simple d'esprit. Sa
premièrerébellion date de la même époque: il déclara à ses parents qu'il ne voulait pas être tailleur comme son père mis pilote fluvial;
Henry avait parfois un comportement d'une surprenante sauvagerie. En octobre 1902, il fut renvoyé de l'école
primaire. Il n'avait que ouze ans. Motifs de l'expulsion; "élève incorrigible, n'assiste pas aux cours, se conduit comme un indien sauvage..." Il avait beau être le meilleur élève de sa classe,
il exaspérait ses maîtres avec ses bouffonneries
1907 Premier amour avec Cora Seward au Lycée du secteur Est, Brooklyn.
"Un jour, il rencontra au Lycée une jeune-fille
nommée Cora Seward qui semblait pouvoir satisfaire à merveille son besoin d'absolu. Elle avait un physique parfait: des seins sublimement accrochés, une bouche divinement sensuelle, des pommettes
colorées. Mais en même temps aimer une femme parfaite était complètement paralysant. Elle était romantique, lointaine. Ses yeux bleus pareils à de la porcelaine faisaient penser à des icebergs
caressés par la lumière du Grand Nord. En conséquence, il se bornait à l'adorer à distance, errant dans les rues de Greenpoint qu'elle fréquentait. Au cours du printemps 1909, il l'emmena
plusieurs fois au théâtre. De temps en temps il la retrouvait dans une surprise-partie. Chaque fois qu'il l'invitait à danser, il avait les jambes en coton. Quand il se mettait au piano pour
faire une démonstration, Cora n'était jamais dans le groupe des admiratrices qui se pressaient derrière lui Visiblement entre eux quelque chose ne collait pas..."(Jay Martin)
Broadway à l'époque de l'enfance de MillerJour de Marché dans la 5e avenue
1909. Université municipale de New-York. Renonce au bout de deux mois, par révolte contre les méthodes
pédagogiques. Entre à la Société des clients Atlas de Portland. Début d'une période de discipline athlétique rigoureuse, qui durera sept ans.
1910. Début d'une liaison avec sa première maîtresse Pauline Chouteau, de Phoebus (Virginie) "assez vieille pour être ma mère". Pauline fut pour lui à la fois une vraie mère et une parfaite
maîtresse. Elle était toujours disposée à lui prodiger des caresses. Sa mère au contraire, n'avait jamais voulu l'aimer comme il était; son affection n'était jamais acquise: il devait toujours
faire des efforts pour la mériter
1913. Voyage dans l'Ouest. Travaille dans un ranch pour tenter de rompre avec la vie citadine. A San Diego,
rencontre la célèbre anarchiste Emma Goldmann-tournant capital de son existence. Elle a 45 ans. Née russe, cette femme remrquable
avait émigré en 1886. C'est elle qui avait soutenu Alexandre Berkman dans sa tentative d'assassinat du magnat de l'acier" Frick". Grâce à ses écrits et ses harangues, par l'action de sa revue
"Mother Earth", sa réputation s'était fortement établie parmi les milieux anarchistes américains. Niant toute autorité, suffragette et partisan du contrôle des naissances, réclamant l'abolition
du service militaire, elle soulevait les auditoires de sa parole enflammée. Enfermée, pour pacifisme pendant la guerre, puis expulsée des Etats-Unis en 1919, on la retrouvera en Russie, puis en
France où elle se réfugiera, car , déçue par le Paradis qu'elle avit cru découvrir au Pays soviétique et l'ayant clamé hautement, elle devra fuir, désabusée.. Elle mourra en France en 1940,
laissant un livre, "My Disillusionment in Russia" et le souvenir de sa forte personnalité.On comprend que Miller qui est alors âgé de vingt- et- un ans et qui a déjà fait la lourde expérience de
la vie dans une ferme californienne comme ouvrier agricole, qui d'autre part veut pour la société une forme d'existence analogue à celle qu'il désire pour l'individu-une mystique aux couleurs de
l'anarchie, se sente attiré par cette femme passionnée. Ellel'entretiet dans cette conviction déjà puisée chez Emerson, Thoreau et Whitman que seul compte l'individu et la recherhe de son
moi
1914. De retour à New-York. Travaille dans la boutique de tailleur de son père; essaie de remettre l'affaire aux
mains des employés. Fait la connaissance de Frank Harris : premiers rapports avec un grand écrivain.Harris habitait Washington
Square.
"Et j'ai rencontré des gens célèbres, un qui m'a
beaucoup encouragé. Un jour qui je vois entrer, à ma grande surprise? Frank Harris et il voulait des costumes. Mon père naturellement, n'avait jamais entendu parler de Frank Harris et j'étais fou
de lui, mais moi j'avais dejà lu et j'étais fou de joie, voyez, de le rencontrer. Et mon père...eh bien mon père, il n'avait rien à foutre des artistes. Il pensait qu'ils étaient tous
cinglés et sans argent et tout. Frank Harris voulait un costume pour aller sur un Yacht. Un tissu léger, gai, et mon père lui montre du tissu avec de larges rayures comme en porterait un chanteur
comique pour se déguiser en nègre. Fank Harris s'est mis à rire et mon père dit: "Vous êtes un écrivain, vous savez, vous êtes un bohême" Vous vous rendez compte..."
1917 Epouse Beatrice Sylvas Wickens, de Brooklyn. Pianiste.. Henry Miller jouait du piano depuis l'enfance mais il s'était remis à
l'étudier et à le pratiquer sérieusement. En 1915, une rencontre avec une jeune et jolie pianiste de Brooklyn, Béatrice, détermina cette nouvelle vocation. Elle vivait dans la 9e rue, à l'orée du
quartier chéri de son enfance; ce n'était peut-être pas une pianiste accomplie mais ses posibilités impressionnaient Miller. Sa technique était parfaite. Elle aimait jouer Liszt, Stravinsky et
Schoenberg. Il l'épouse alors que les Etats-Uns entrent en guerre et reprend son métier de tailleur
Pendant la guerre, Miller sera successivement plongeur, vendeur de journaux, éboueur, conducteur de trolley-bus, groom, dactylographe, barman, opérateur de machine à calculer, docker, professeur
d'éducation physique, rédacteur dans ue agence de publicité, éditeur, libraire, statisticien, garagiste, coursier d'assurance, pompiste
1919. Père d'une fille, Barbara Sylvas, aujour'hui Barbara Sandford.
1920. Après avoir été plusieurs mois porteur de télégrammes, devient chef de l'embauche et du personnel à la
Western Union. New-York.
1922 Ecrit son premier livre Clipped Wings (Les ailes rognées) au cours de trois semaines de vacances.
1923. Tombe amoureux de June Edith Smith, (La MONA de
le Crucifixion en rose) rencontrée au dancing Wilson de Brooklyn où elle travaille comme entraîneuse." Une entraîneuse divine,
drapée comme une reine, fatale, mystérieuse, avec un visage lunaire digne des peintres Renoir ou Rouault. Quelle aisance, quel corps. C'était une créature à la fois onirique, opiacée et animale.
Slave peut-être, ou Tzigane. D'une voix langoureuse, elle lui déclara qu'elle voulait faire sa connaissance depuis longtemps. Etait-il vrai qu'il aimait Strindberg?"(extrait du livre de Jay
Martin "Toujours vif et joyeux La vie de Henri Miller chez Buchet-Chastel.)De Gilles Plazy:"
Elle lui est apparue dans un dancing où elle était
appointée pour entraîner les hommes à la danse. Elle était belle bien sûr, fascinante, parce que fragile et dangereuse.
Elle prenait apparemment la vie à la légère et, pourtant, la vivait gravement. Elle aimait comme lui, Dostoïevski, Strindberg et Knut Hamsun. Elle était convaincue qu'il serait, lui aussi, un
grand écrivain. Pour cela, elle était prête à l'entretenir, quitte à faire quelques entorses à la morale et à la fidélité.
Miller a raconté cette histoire dans les trois volumes de la Crucifixion en rose (Sexus, Plexus et Nexus) Une histoire d'amour, de passion, de jalousie, de misère, de littérature, dans l'Amérique
de la prohibition.
Elle c'était JUNE. Mais elle se faisait appeler MONA. Il
lui a gardé ce nom pour en faire un des plus extraordinaires personnages de la littérature du XXe siècle. C'est ainsi qu'elle rayonne au coeur de son oeuvre, comme elle a flamboyé dans sa
vie.
Dans toute la beauté d'un ange noir, auquel il dut sa mort et sa résurrection. Car l'écrivain Henry Miller est né de cette formidable, douloureuse et lumineuse
expérience
1924. Quitte la Western Union, résolu à ne plus jamais reprendre de situation et de consacrer toute son énergie à écrire. Divorce d'avec
sa première femme pour épouser June.
1925. Commence pour de bon sa carrière d'écrivain, dans une extrême pauvreté. Fait du porte à porte pour vendre ses poèmes en prose, Mezzotints (Estampes).
1927. Ouvre un speak easy à Greenwich Village. Tout en travaillant au service des jardins publics du Queens, accumule des notes pour un cycle complet de romans autobiographiques, le tout en 24
heures. Expose des aquarelles à la Taverne Romaine de June Mansfield, Greenwich Village.
1928. Voyage en Europe avec June, grâce à l'argent d'un de ses admirateurs. Première viste de Miller à Paris
"June connaissait Paris "Dans le
taxi, au coin du Boulevard Saint-Germain et de la rue Bonaparte, il aperçut le Café des Deux-Magots. Il eut tout à coup le sentiment que l'histoire de la Littérature contemporaine était à
sa portée. leur destination: Hôtel de Paris, 224 rue Bonaparte" (Jay Martin). au mois de mai, unmois après leur arrivée à Paris, ils décident de faire une tournée en Europe: le Nord de la France,
la Belgique, l'Allemagne, l'Autriche. Ils poussèrent jusqu'à Budapest et Czernowitz, d'où la famille de June était originaire. Refoulés à la frontière russe, ils regagnent Paris par la
Tchécoslovaquie et la Bavière. Vienne totalement décevant pour Miller "la glorieuse Vienne d'antan, cité des rêves romantiques, n'existe plus...Vienne est une morgue..". Ils détestèrent la
Pologne et la Tchécoslovaquie, à l'exclusion de Prague. Périple de deux mois. retour à Paris. Miller décide alors de faire un tour de France et d'Espagne à bicyclette. Et c'est Lyon, Vienne en
Drôme, Avignon,Tarascon (Daudet), Arles (Van Gogh) Nîmes, Marseille. Ensuite direction Nice et Eze-sur-Mer où Nietzsche a écrit"Ainsi parlait Zarathoustra". Trois semaines à Nice.Voyage entrepris
avec le peintre Zadkine. Retour à Paris. Embarquement pour Londres, après une soirée mémorable avec Zadkine
1929.Le 29 janvier, retour à New-York. Termine un roman "The Gentile World" (Ce monde païen).
1930, quitte New-York, seul avec 10 dollars en poche pour Londres, pour Paris(2e séjour). Séjourne chez Richard Osborn, rue
Bartholdi.. Retrouve Alfred Perlès et fait la connaissance de Zadkine, BrassaÏ et Fraenkel.."Alfred Perlè lui présenta Brassaï, un
photohraphe hongrois, qui devint aussitôt un ami et un nouveau guide parisien. Avec lui il découvrira le côté sordide de Pigalle, les maisons closes de la rue Blondel, Chez
Jean,rue Victor Vasse, où avaient lieu des expositions de photographies spéciales, la sodomie vue sous tous les angles. Miller servira même de modèle qui se faisait de l'argent de poche en
vendant des clichés pornographiques aux touristes. BrassaÏ était un compagnon chaleureux, cultivé, jovial, aimant la plaisanterie"(Jay Martin)
1931 "Rencontre d'Anaïs Nin (alias Anaïs Guiler dont le mari était vice-président de la National City Bank) à Louveciennes
(Ils vont devenir amants). Elle venait de réaliser sa monographie sur D-H Lawrence. Elle était la fille de Joachil Nin, un compositeu et pianiste espagnol qui avait épousé Rosa Culmelle, une
chanteuse danoise. Ils s'étaient rencontrés à Cube et mariés aussitôt. Leur fille née à Neuilly en février 1903 fut appelée Joana Edelmira Antonina Rosa y Castellano, conformément à la tradition
catholique espagnole. Pour des raisosn pratiques, ses parents l'appelaient Anaïs, un prénom d'origine grecque. Elle avait onze ans quand ses parents se séparèrent. Confiée à la garde de as mère,
elle s'était installée à New-York....
Miller accepta non sans appréhension une invitation à dîner chez les Guiler. Ils vivaient à Louveciennes, à
l'ouest de Paris. La demeure des Guiler était une annexe de la propriété de la légendaire Madame Dubarry. Devant la maison, un jardin partiellement laissé à l'état sauvage, très romantique,
semblait attester du conflit permanent entre la nature et la civilisation. La maîtresse de maison avait calculé avec soin tous les effets qu'elle voulait donner: dans l'entrée, un lampadaire en
filigrane et strucrure de bronze, de facture arabe, donnait un savant éclairage romantique, à dominante rose. La maison était meublée dans le style arabe: abricotiers et pêchers en fleurs,
chartes astrologiques, tableaux représentant des scènes exotiques, plats en cuivre martelé-le tout baignant dans une lumière à dominante mauve. Sur des tables basses, des coupes remplies de
pierres étranges. Une immense bibliothèque en bois sculpté dont les rayonnages peints en noir étaient garnis de volumes écrits en allemand, français, espagnol et anglais, notamment toute la
littérature concernant William Blake, la psychanalyse, et de somptueux ouvrages d'art illustrés. Dans son ensemble, Miller trouva que la maison ressemblait à un immense coffret à bijoux..
Le mari était un homme tranquille, voire puéril sous certains aspects. Selon Miller il était dépourvu de toute vie intérieure" (Jay Martin)
Commence à écrire Tropique du Cancer. Correcteur au Chicago Tribune pour peu de temps. Devient répétiteur
d'anglais au Lycée Carnot de Dijon, pendant l'hiver 1931-32
Extraits du Journal d'Anaïs NIN:
Hiver 1931-32
"Quand j'ai vu Henry Miller s'approcher de la porte, j'ai fermé las yeux un instant pour le voir d'un oeil
intérieur. Il était chaleureux, joyeux, détendu, naturel
Il passerait inaperçu dans la foule. Il est svelte, maigre, pas très grand. Il a un air de moine bouddhiste, un moine à la peau rose avec un crâne presque chauve auréolé de cheveux argentés, et
des lèvres pleines et sensuelles Ses yeux bleus sont froids et inquisiteurs, mais sa bouche a quelquechose de vulnérable. Son rire est contagieux et sa voix caressante, chaude comme la voix d'un
noir.
Je l'ai trouvé tellement différent de ses écrits violents, de ses caricatures, de ses farces rabelaisiennes, de
tous ses emportements. Son sourire au coin de l'oeil a quelque chose de clowmesque. Les inflexions de sa voix font penser à un ronronnement de plaisir. C'est un homme intoxiqué par la vie, qui
n'a nul besoin de boire, qui flotte dans une euphorie créée par lui-même
Février 1932; "Henry m'a dit qu'il était d'ascendance allemande. Moi je le vois comme un slave, ou est-ce
l'influence de Dostoïevski? Il a la sentimentalité d'un allemand. Il passe de la sentimentalité à la dureté. Son imagination est germanique et son oeuvre me fait penser à George Grosz. Il a du
goût pour la laideur. Il aime la vulgarité, l'argot, les quartiers apaches, la crasse, la bagarre, les bas-fonds de toute chose; il aime les odeurs de choux, de ragoût, les relents de
misère et de prostitution.
Les lettres d'Henry me donnent un sentiment de plénitude très rare. Elles sont extraordinaires. J'y réponds avec énormément de plaisir mais leur volume me submerge. J'ai à peine envoyé une
réponse que la suivante arrive. Commentaires sur Proust, liste de livres, descriptions, humeurs, sa vie, sa sexualité infatiguable, la manière dont il se trouve mêlé sans cesse à un tas de choses
et d'évènements. trop de choses à mon avis et mal digérées. Rien d'étonnant à ce que Proust l'émerveille. Rien d'étonnant à ce que je le regarde vivre en sachant que je ne pourrais vivre ainsi,
car il me faut le temps de comprendre ce que je vis..."
Anaïs Nin, Henry Miller et Jean
Varda
Jean ou Yanco VARDA est l'oncle
d'Agnés Varda qui a réalisé un film sur lui en 1967, "Oncle Yanko". Plasticien,né à Izmir en1893 et décédé en 1971. Quitte New-York pour Big Sur et devient le voisin de Miller. Après il
emménagera à Monterey à 60 miles d'Henry Miller. Lié au jeune mouvement américain, il reçoit des hippes sur son bâteau-maison
1933 Partage un appartement avec Alfred Perlès à Clichy et viste le Luxembourg en sa compagnie.. Alfred Perlès
qui est devenu le biographe de Miller, d'origine autrichienne deavit d'abord écrire en français deux romans "Sentiments limitrophes en 1935 et "Le Quatuor en Re majeur" en 1938
Epoque du "Printemps Noir", extrêmement fertile
et joyeuse. Commence un livre sur D.H Lawrence, resté inachevé. Visite et bref séjour de June, qui repart en demandant le
divorce.June a une liaison avec une certaine Jane, entre autres
Miller avait une vraie passion pour D.H Lawrence, un de ses auteurs préférés avec Knut Hamsun, Joseph Conrad et Blaise
Cendrars
1934. S'installe au 18 Villa Seurat,à Paris, le
jour même où paraît Tropique du Cancer. Moment décisif. Le manuscrit original, réécrit trois fois, était trois fois plus long que l'oeuvre publiée. Divorce d'avec June prononcé à Mexico, par procuration. Première visite de Blaise
Cendrars. Ci-dessous la VILLA SEURAT à Paris. Au centre la maison d'Henri Miller. Il quittera la Villa Seurat en juin
1939Plus tard
Miller reviendra à la villa Seurat
1935. Publication d'Aller-Retour New-York.
De 1935 à 1938, Miller ne pensera qu'à une chose: écrire. Il se recroquevillera sur lui-même comme un être
hibernant dans la grotte de son imaginaire. Sa vie extérieure, sociale était pratiquement inexistante. Le 20 décembre 1934, il divorçait d'avec June. Il était donc légalement en mesure d'épouser
Anaïs Nin. D'autant plus qu'Anaïs semblait avoir touvé un moyen lui permettant de faire fortune. Elle avait travaillée avec Otto Rank, le psychanalyste autrichien, comme assistante, et parla
d'ouvrir son propre cabinet. Rank et Allendy lui promirent de lui envoyer des patients. Cela faisait des années qu'elle était en anlyse. Elle connaissait les ficelles du métier. Son projet donna
des idées à Miller. Il parlait non sans fierté de son aptitude à analyser les névroses d'autrui. Il avait rncontré Rank une seule fois. Il n'avait jamais entrepris lui-même de psychanalyse mais
si Anaïs consentait à lui apprendre les techniques élémentaires, il se faisait fort de devenir un honnête psychanalyste. Leurs beaux projets s'écroulèrent comme un château de cartes lorsque Otto
Rank décida subitement d'aller s'installer à New-York. Et il demanda à Anais de l'accompagner pour l'aider à s'installer outre-Attlantique. Anaïs qui devait beaucoiup à son psychanalyste n'osa
pas refuser. Miller n'eût pas le temps de protester que Rank et Anaïs avainet mis le cap sur les Etats-Unis
1936 Janvier-avril: saut à New-York. Exerce la psychanalyse. Début de la correspondance avec Keyzerling, après avoir lu son
journal. En Juin, publication du Printemps Noir (Black Spring). C'est alors qu'arrive de Corfou, Lawrence Durrell avec sa femme, Nancy. Nous avons vu que de nombreuses lettres avaient été
échangées depuis le Tropique, aussi est-ce dans le climat d'une amitié déjà enracinée que les deux hommes se découvrent. "Un vrai coup de foudre à la russe", remarque Alfred Perlès. Durrell
venait de terminer le "Black Book", cette chronique de la mort anglaise, une oeuvre purgative, lyrique, diffuse, révoltée et touffue qui, tout en annonçant, malgré ses rugosités et scories,
le futur "Quatuor c'Alexandrie" (quatre livres que j'ai lus avec fascination il y a près de 50 ans et qui continuent de me fasciner. Justine, Balthazar, Mountolive et Clea)
Henri Miller devenat-il magnétique? Perlès s'installa impasse Rouet, à deux pas de la Villa Seurat. Hans Riechel un peintre allemand qui vivait dans la même rue lui donna des leçons de peinture.
David Edgar, un jeune peintre américain qui ne peignait jamais devint son ami. Tourmenté, aimable, fortuné, Edgar se passionnait pour le Bouddhisme Zen, Rudolf Steiner, Madame Blavatsky et
l'anthroposophie. Abraham Rattner, un peintre américain qui résidait occasionnellement à Paris, fit grande impression sur Miller. AnaÏs Nin continuait à l'entretenir et venait le voir au moins
deux fois par semaine quand son mari allait prendre des leçons de dessin avec Riechel. Anaïs lui présenta Conrad Mohican, un
astrologue suisse qui était un ami de Max Jacob.
Des artistes européens se mirent bientôt sur l'orbite de la planète "Villa Seurat": Raymond Queneau, Roger et Jacques Klein,
Brassai, le photographe que Miller connaissait de longue date. Enfin sa voisine de palier, une certaine Betty Ryan, une
artiste américaine pratiquant une peinture abstraite et qui était la petite fille de Thomas Fortune Ryan, qui était mort en laissant derrière lui une fortune de 160 millions de
dollars
1937. Importante rencontre épistolaire avec Lawrence
Durrell , écrivain britannique, avec lequel il va correspondre longuement avant de le rencontrer à Corfou.
Le Chicago Tribune ferme son agence parisienne et
Miller se retrouve sans emploi. Alfred Perlès lui propose de fonder un magazine littéraire à la Villa Seurat. Ce sera "The Booster"
(Le Voleur). Miller nommé rédacteur adjoint se fit fort de trouver des souscripteurs. Le 1er numéro paraît en septembre 1937. L'éditorial signé Henry Miller proclamait que le magazine était
résolument "a-succès, apolitique et a-culturel". Les rédacteurs se déclaraient "pro-ripailles, pro-fadas et pro-épilectiques; par contre ils se déclaraient hostiles à la paix, à la modération,
aux rhumatismes et autres "ismes" de cet acabit. Nancy Durrell (l'épouse de Lawrence) fit la couverture du premier numéro. AnaÏs Nin faisait partie du comité de rédaction. Miller avait pour
titre: directeur artistique. Michel Fraenkel était le directeur du département métaphysique. William Saroyan entra également au comité de rédaction. Le magazine fit long feu et fut remplacé par
"Delta" dirigé par Durrell, unique actionnaire
Miller devint également l'un des neuf rédacteurs d'une revue française, sérieuse, celle-ci: "Volontés. C'est Raymond Queneau qui l'avait mis en contact avec Georges Pelorson, le rédacteur en chef
Quelques semaines à Londres. Rencontre de T.S Eliot et de Dylan Thomas
LAWRENCE DURRELL,
écrivain et voyageur britannique, né en 1912 à Jalandhar(Indes britanniquesà et mort en 1990 à Sommières
(Gard-France. Entre Montpellier et Nîmes). De mère irlandaise. J'ai connu Miller en lisant "Le Quatuor d 'Alexandrie"(Justine, Balthazar, Mountolive et Clea dans les années 60) Ecrivain
remarquable. Il a écrit à Miller en 1934 après avoir lu son "Tropique du Cancer". Une amitié qui va durer 45 ans. Leur seconde rencontre aura lieu en 1939 à Corfou chez Durrell , où viendra
également Anaïs Nin. (Leur première rencontre a eu lieu, peu auparavant, à Paris à la villa Seurat.)Voici la maison qui existe toujours et est à louer pour les vacances
La
correspondance s'ouvre, en août 1935, sur une lettre d'admirateur, envoyée par Durrel à Miller(de 22 ans plus âgé que lui) qui lui répond très vit. Tous deux découvrent bientôt qu'ils ont des
manières de sentir et de penser vosines. Au début Durrell a 23 ans, Miller en a 45 et son premier livre important "Tropique du Cancer" n'a paru qu'un an plus tôt. Mais Miller a déjà une certaine
réputation et il est occupé par toute une série de projets littéraires, concertés le plus souvent avec ses compagnons de la Villa Seurat, Allfred Perlès et Michael Fraenkel. Miller qui a toujours
aimé écrire des lettres, publie pendant cette période "Aller-Retour New-York", une lettre de quatre-vingt pages, "compte rendu d'un voyage aller-retour à New-York, tel qu'il est consigné dans une
lettre à Alfred Perlès, l'écrivain franco-viennois bien connu qui détient jusqu'à ce jour le record du monde de longueur épistolaire". Puis le 2 novembre 1935, Miller se lance dans sa
correspondance avec Fraenkel sur Hamlet, qui doit durer 2 ans, il tente aussi de faire publier "Le Printemps Noir" et il travaille à une étude sur D.H Lawrence qu'il ne terminera
jamais
Voici donc la première lettre de Durrell:(
("Août 1935) Chez le Consul de
Grande-Bretagne, villa Agazini, Perama, Corfou .
Cher Monsieur MIller,
Je viens de relire Tropique du Cancer et il faut
absolument que je vous écrive un mot dessus. Pour moi c'est sans conteste le seul ouvrage digne de l'homme dont ce siècle puisse se vanter. J'ai envie de gueuler bravo! depuis la première ligne,
et ça n'est pas seulement une grosse claque littéraire et artistique sur le ventre de toutunchacun, c'est un bouquin qui fixe sur papier le sang et les tripes de notre époque. Je n'ai
jamais rien lu d pareil. Je n'imaginai ps qu'on pût écrire un tel livre, et pourtant, chose curieuse, j'ai cru en le lisant, reonnaître une chose pour laquelle nous étions tous prêts. La voie
était déblayée pour que Tropique du Cancer puisse s'avgancer. Ce livre tourne le coin de la rue et nous entraîne dans une vie nouvelle qui a retrouvé ses tripes. Deavnt votre livre, l'éloge
devient platitude, ne m'en veuillez pas si cette lettre sonne à vos oreilles comme les bêlements d'un vieux critique ou si elle vous fait penser à une publicité de cold-cream. Dieu sait que je
pèse mes mots de mon mieux, mais ce sacré bouquin a secoué mes balances comme un tremblement de terre et depuis, je ne m'y retrouve plus dans mes poids et mesures habituels. J'adore voir
déboulonner les canons de l'émotion oblique et e la belle émotion littéraire, j'adore vous voir mettre du fumier, sous les caprices et les mièvreries de vos contemporain, d'Eliot à Joyce. Que
Dieu nous donne à nous les jeunes le courage de planter des pâquerettes dessus pour achever votre tâche.
(Aoüt 1935)1938. Début de sa collaboration avec la revue Volontés, dirigée par Georges Belmont. Publication de
"Money and How It Gets That Way "(De l'argent et de ce qu'il en advient). Publication de "Max et les phagocytes".
1939 Publication de "Tropique du Capricorne".
Quitte la Villa Seurat en juin. Il y sera resté en tout quatre ans et neuf mois. Visite le Midi de la France. Part pour Athènes le 14 juillet, arrive en août chez Durrell à
Corfou.Visite certaines îles grecques et le Péloponèse. Rencontre de George Katsimbalis (le Colosse), du poète George Seferiades,
du peintre Ghika. Source de revenus réguliers, tarie net lors de la mort de son éditeur parisien, Jacques Kahane(Obelisk Press) le jour de la déclaration de la guerre
1940 Retour à New-York en février. Rencontre de Sherwood Anderson et John Dos Passos. Ecrit "Le Colosse de Maroussi, Le monde du Sexe,
Jours tranquilles à Clichy et commence La crucifixion en rose".
1941 Visite les Etats-Unis, en partie en compagnie du peintre Abe Rattner. Rencontre d'Alfred Stieglitz et de Fernand Léger. Mort de son
père pendant qu'il est dans le Mississipi. Retour à New-York. Juin 1942: départ pour la Calfornie; Est à la moitié de "La Crucifixion en
rose" et au tiers de "Cauchemar climatrisé".
1943 Peint de deux à trois cents
aquarelles. Les expose à Beverly Glen et à la Galerie Américaine Contemporaine de Hollywood avec succès.
1944. Randonnée avec Jean Varda sur
la Côte Ouest
Mariage avec Janina Lepska en décembre à Denver(Colorado).
1945. Se retrouve à Big Sur en
février.
Termine Sexus.
Voici une séquence en anglais, de
l'écriture réelle d'Henry Miller, saccadée, foisonnnante, terriblement Hard, pour l'époque du moins. Rien à voir avec les traductions françaises. Ce n'est pas de l'anglais , c'est du slang
américain, débordant, juteux. En l'occurence son premier rapport sexuel avec Mona-June:
"There was a little puddle near her elbow and I was for taking it out again and moving over another inch or so, but when I tried to draw it out, she
got frantic "Don't ever take it out again" she begged,"it drives me crazy. Fuck me, fuck me!". I held out on her along while. As before, she came again and again, squealing and grunting like a
stug pig. Her mouth seem to have grown bigger, wider, utterly lascivious; her eyes were turning over, as if she were going into an epilectic fit. I took it out a moment to cool it of. She put her
hand in the puddle beside her and sprinkled a few drops of water over it. That felt marvelous. The next moment she was on her hands and knees, begging me to give it to her assways. I got behind
her on all fours; she reached her hand under and grabbling my cock, she slipped it in.; It went right in to the womb. She gave a lirrle groom of pain and pleasure mixed "It's gotten bigger" she
said, squirming her ass around. "Put it again all the way...go ahead, I don't care if it hurts" and with that she backed up on me with a wild lurch. I had such a cold-blooded erection that I
tought I'd never be able to come"
Commence la
traduction d' "Une Saison en
Enfer"
Naissance d'une fille Valentine
1946. En janvier, Miller s'installe dans une hutte construite autrefois par des forçats qui travaillaient sur la grande route littorale, à Anderson Creek. Rencontre d'Eve McClure.
1946. Jean Wharton lui prête une maison à Big Sur. Travaille à Plexus. Il la rachètera avec ses droits
d'auteur.
Publie Plongée dans la vie nocturne précédée de La Boutique du Tailleur, 2 nouvelles issues du Printemps noir
1948. Reçoit Cartier-Bresson. Naissance de son fils Tony. Ecrit "Le sourire au pied de
léchelle"
1949. Termine" Plexus" et commence" Books of my Life"
1951. Miller se sépare de Janina
Lepska
1952. Commence Nexus. Tour d'Europe avec Eve McLure
1953. Miller retrouve Paris et ses
anciens amis dont Michel Simon, Brassaï, Georges Belmont.
Voyage en Belgique, puis en Dordogne. Séjour à Montpellier. Voyage en Espagne en compagnie de Joseph Delteil. Retrouve à Barcelone son ami Alfred Perlès, après 14 ans. En Angleterre, il visite
John Cowper Powys. Retour en Californie fin août.
Il épouse Eve McClure en décembre. La voici, à Paris d'abord, puis sur la terrasse de Big
Sur, réalisée par son ami, le peintre Ephraïm Doner(photo du bas)Henry et Eve sur la
falaise de Big Sur, surplombant le Pacifique. Photo géniale...Et voici la maison de Big Sur, "Le crêt de Partington"
1954 Arrivée à Big Sur d'Alfred Perlès, pour écrire "My Friend Henry Miller". Exposition des gouaches de Miller au Japon. Il commence à écrire "Big Sur and the Oranges of Hieronymus Bosch".
1957 Recommence "Quiet Days in Clichy" après la découverte du manuscrit égaré depuis quinze ans. Election à l'Institut National des arts et lettres. Première
lettre à la Cour d'Oslo.
1959 Publication d'une deuxième
lettre à la Cour d'Oslo: "Defense of the freedom to read". Il termine Nexus en avril. Deuxième voyage en Europe avec Eve, et ses
deux enfants, Val et Tony. Séjours à Paris, Copenhague et Montpellier. Revoit Joseph Delteil, et pour la première fois depuis 1940,
Lawrence Durrell, installé à Sommières (Gard) en 1957. Il loue une maison à Sommières pour l'été. Retour à Big Sur à l'automne.
1960. Miller revient seul en France.
Voyage en Allemagne pour visiter son éditeur. Rencontre de Georges Simenon.
1961. Séjour à Montpellier en avril
et en juillet. Ensuite Allemagne puis au Portugal. Rentre à Big Sur. Rupture avec Eve.
1963. Série de procès aux Etats-Unis. S'installe à Pacific Palisades.
1965. Mort d'Eve
Miller en 1966 à Pacific
PalisadesMILLER PARLE DE LA
BELGIQUE.C'est à cette époque qu'Henri Miller dans la Revue Synthèses (février-mars 1967-commémoration de ses 65 ans), nous parle de son amitié avec le belge Pierre Lesdain
:
"Je ne me souviens pas du temps où ma volumineuse correspondance avec Pierre Lesdain a commencé...Il me semble
que nous communiquions ensemble, comme si nous nous étions connus de toute notre vie ou bien au cours d'une existence antérieure.
Quelques années plus tard, lorsque je me trouvai dans ce faubourg de Bruxelles, nommé Woluwe-Saint-Lambert, j'eus le sentiment d'être revenu à mes
anciens repaires de Williamsburg-Brooklyn...Non il n'y a rien d'étonnant après tout que l'insigne honneur de vouloir comémorer mon soixante-quinzième anniversaire me vienne d'un petit pays
perdu comme la Belgique..
Ce fut en 1953, l'année de mon retour en Europe, après uen longue absence. J'y revenais avec une nouvelle épouse qui ne connaissait par l'Europe. Nous
arrivâmes à Bruxelles, de Paris, je pense, ou était-ce d'Espagne? De Bruxelles nous comptions partir pur l'Angleterre afin d'y retrouver Alfred Perlès, le bien-aimé copain de mes années
parisiennes. Nous avions l'intention de ne rester là-bas que peu de jours, mais ces jours se transformèrent en semaines grâce à l'hospitalité libérale, à la générosité de nos amis belges.
Lesdain et sa chère femme Hélène avaient insisté pour nous héberger dans leur modeste maison. Nous mangions ensemble chaque jour. Ce n'étaient pas des agapes auxquelles nous participions, mais la
communion même. Chaque repas commençait par une courte prière et avec une gousse d'ail. La chère était arrosée de propos abondants, vivifiants,... Parffois nous partions pour la ville, à
l'aventure, ou bien nous allions pique-niquer dans la nature. Lors d'une de ces excursions, nous visitâmes l'abbaye où vécut autre fois Ruysbroeck l'admirable. Je me souviens que nous avons
marché à travers une forêt de hêtres pour atteindre l'endroit. Une fois de plus, comme à Big Sur, j'avais l'impression de rêver parmi la musique de Pelléas et Mélisande. Cela ne ressemblait à
aucune forêt où j'avais pénétré auparavant. C'était purement magique.
Certain jour, Lesdain nous présenta à son frère Maurice Lambilliotte et à Yvonne sa charmante femme. Avec Lambilliotte nous courûmes tout le pays, toujours à la dernière vitesse, toujours faisant
s'évanouir les kilomètres en bavardages...La sérénité de Bach et de son "Clavier bien tempéré" s'était abandonnée au monde du Jazz, du jazz hot pour être plus précis. Mais du milieu de ce
tourbillon jaillit de ma mémoire une brève visite à la cathédrale de Gand (Saint-Bavon, où je fus baptisé, soit dit en passant), où je contemplai avec un sentiment de révérence tel qu'aucune
autre oeuvre d'art ne m'en a jamais inspiré, le tryptique des Van Eyck, l'Agneau mystique. Un second et mémorable évènement dont je garde le souvenir intense, fut notre viste à Bruges, la
Ville morte. Là, dans la paix et dans la solitude, dans sa beauté momifiée, se trouve l'endroit où, si j'étais né poète, j'aurais pu écrire mes plus belles oeuvres.Ici j'aurais pu être inspiré
jusqu'au point de devenir le rival d'un Hölderlin ou d'un Pindare
1967. Représentation du "Sourire au
pied de l'Echelle" à l'Opéra de Marseille.
Robert Snyder commence à tourner son film L'Odyssée d'Henry Miller.
Lune de miel à Paris avec sa
nouvelle femme, la chanteuse japonaise Hoki TokudaSéjour à
Montpellier. Exposition à Uppsala(Suède), "Le sourire" est représenté à
Trieste.
1979. Publication des Entretiens avec Georges Belmont. Emissions télévisées pour l'ORTF, réalisées aux Etats-Unis.
Reçoit Le grand Prix de Naples pour"
Come il Colibri" (Stand still like the Hummingbird).
1971. Publication de "My Life and Times". Subit plusieurs opérations à la suite d'une artérite. Sa vue s'affaiblit.
1975. Entretiens entre Henry Miller et Christian de Bartillat à Pacific Palaisades, publiés sous le titre de Flash- Back
Lawrence Durrell va en Californie retrouver son ami H.Miller.
1977 Perte d'un oeil. Voici la lettre qu'il m'envoie "I am now blind in one eye" (Ch.Van Cauwenberghe c'est bien moi)
Mort d'AnaÏs Nin. Ecrit en français "J'suis pas plus con qu'un autre" et "Book of friends"
Dessin de Miller
1979 Ultimes
entretiens avec le journaliste belge Pascal Vrebos, avec un CD incorporé au livre
1980 Mort d'Henry Miller, à Pacific
Palisades, à l'âge de 89 ans.
Henry Miller par le Sculpteur Marino
Marini
Voici quelques un de ses écrivains de prédilection. L'oeuvre de Miller est aussi une bibliothèque de la littérature contemporaine
Henri-David Thoreau
Walt WhitmanJohn Cowper Powys
Céline et CendrarsJoseph ConradKnut Hamsun ((La Faim)
John Dos Passos (Manhattan Transfer)
D.H Lawrence
Hommage de Georges SImenon :
" Henry Miller à mes yeux, est un personnage hors série comme il en faudrait quelques uns à chaque génération,
pour rappeler aux hommes que le conformisme ne mène nulle part et que sans révolte contre la morale établie et confortable, il n'y aurait jamais eu de progrès.
Cela choquera sans doute certains si j'ajoute que je tiens Henry Miller pour une sorte de saint laïque. Pendant la plus grande partie de sa vie, il a accepté de vivre en marge, n'ayant de par le
monde que quelques amis qui reconnaissaient son génie. Peu à peu, ces amis se sont multipliés, je devrais plutôt écrire ses adeptes.
Et soudain, voilà quelques années, Miller a rompu les digues, non seulement pour lui-même mais pour tout ceux qui mettent avant tout, la liberté de l'homme.
Miller est un poète. Son oeuvre est un tout, une sorte de chanson de geste, la chanson de geste de notre époque, et sans doute est-elle pour beaucoup dans la révolution qui se dessine un peu
partout de par le monde. Je ne parle pas bien entendu, de révolution politique.
Voila ce que je pense d'un homme que je suis fier et heureux d'avoir pour ami "
Enfin, les Livres et Revues que j'ai utilisés pour rédiger cet article, et qui sont tous dans ma bibliothèque. En ce qui concerne les livres de Miller, je possède
des éditions des années 1946-47 et 48.