Voici une carte mentionnant les îles de Murano, Burano, Torcello, San Michele et MazzorboNous sommes en mer et nous nous éloignons de la Chiesa dei JesuitiTrès vite nous longeons l'île de San Michele et son cimetière
SAN MICHELE. Cette île est en réalité formée de l'union de deux îles,
séparées par un canal : l'île de San Michele proprement dite et celle de San Cristoforo della
Pace.
C'est en 1837 que, pour des raisons sanitaires,
cette île devint le siège du cimetière de la ville de Venise. Précédemment, les sépultures étaient rassemblées dans de petits
cimetières se trouvant à proximité des églises. L'union fut très difficile car le canal les divisant était très exigu.
Architecture
San Michele dans le chœur de l'église
Sur l'île de San Michele, nous pouvons apercevoir l'église de San Michele in isola réalisée sur le
projet de l'architecte Mauro Coducci à
partir de 1469. Ce fut la première église à être décorée par les marbres de l'Istrie. L'arrêt du vaporetto se trouve en face de l'église.
L'église de San Cristoforo est quant à elle présente à l'intérieur même du cimetière, beaucoup plus petite que la
précédente.
Cimetières
Les cimetières sont divisés selon la religion du défunt. Ainsi, on y trouve des divisions juive, catholique, orthodoxe et évangélique.
Nous retrouvons dans ce cimetière les dépouilles de grands noms telles que celles de :
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Louis Léopold
Robert (1794 - 1835)
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Christian Doppler
(1803 - 1853)
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Frederick Rolfe (1860 - 1913)
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Serge
Diaghilev (1872 - 1929)
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Igor
Stravinski (1882 - 1971)
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Ezra Pound (1885 - 1972)
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Helenio Herrera (1916 - 1997)
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Luigi Nono (1924 - 1990)
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Joseph Brodsky (1940 - 1996)
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L'île de MURANO est située au nord de Venise, dans la lagune1. Les artisans, spécialisés dans le soufflage du verre2, ont une renommée
internationale.
Géographie
La superficie de l'île
de Murano est de 1,17 km2, partagée en deux par un Grand Canal traversé par un seul pont, le Ponte Lungo (ou Ponte Vivarini), qui fait en quelque sorte de
celle-ci une « petite Venise ».
Église Sainte-Marie et Saint-Donat de Murano
La fondation de cette église très ancienne remonte au VIIe siècle. La vierge Marie, à laquelle l'église était uniquement consacrée à l'origine, fut
associée au XIIe siècle à saint Donat, lorsque l'édifice accueillit la dépouille du saint en provenance de Céphalonie. Ses restes étaient accompagnés de ceux du "dragon" dont il avait triomphé. Les ossements du monstre (probablement des côtes de
cétacé) sont encore visibles derrière l'autel, depuis la chapelle latérale gauche du
chœur.
L'église est un chef d'œuvre de l'art vénéto-byzantin, connue pour trois choses : son chevet magnifique, la mosaïque de son abside en cul-de-four représentant la Vierge Orante (XIIe siècle), et surtout son exceptionnel pavement de mosaïques qui rappelle celui de
la Basilique Saint-Marc de Venise (du XIIe au XVe siècle).
Ce pavement particulièrement riche en figures géométriques non figuratives, mais aussi - fait
beaucoup plus rare - en représentations figuratives animalières, recèle en particulier une scène incarnant la victoire de la vigilance sur l'astuce, et représentée par deux coqs transportant
un renard capturé suspendu à un rondin de bois posé sur leur épaule.
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Église Sainte-Marie et Saint-Donat - Mosaïques du pavement
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Église Sainte-Marie et Saint-Donat - Pavement - Les griffons
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Eglise Sainte Marie et Saint Donat - Pavement - Les griffons
aquatiques
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Eglise Sainte Marie et Saint Donat - Pavement - Les paons symbole
d'immortalité
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Eglise Sainte Marie et Saint Donat - La Vierge Orante
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Eglise Sainte Marie et Saint Donat - Pavement circulaire
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Eglise Sainte Marie et Saint Donat - Pavement non figuratif
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Eglise Sainte Marie et Saint Donat - Pavement en damier
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Eglise Sainte Marie et Saint Donat - Détail du travail des pavements
Histoire
En 1201, le Sénat de Venise rédige un
décret qui oblige les verriers de Venise à installer leurs fours sur l'île de Murano. De nombreux incendies s'étaient en effet déclarés à Venise qui avaient
eu pour cause des fours de verriers et les Vénitiens s'inquiétaient des risques causés à leurs maisons en bois.
C'est ainsi que les verriers de Venise furent forcés de transférer leurs fours et ateliers à
Murano3 où il en subsiste aujourd'hui
encore une centaine. Chacune des verreries conserve jalousement ses secrets transmis de père en fils.
Un fonctionnement très
réglementé
La production du verre était très réglementée, non seulement en ce qui concerne l'obtention des
licences pour les maîtres-verriers mais également sur le nombre d'ouvriers qu'ils avaient le droit d'employer, catégorie par catégorie.
De la même manière, pour mieux contrôler les prix et la production, un calendrier très strict de
fonctionnement des fours était édicté par la République de Venise.
Ainsi les verreries étaient obligées de respecter un congé annuel qui s'étendait de la mi-août à la
mi-janvier.
Des productions admirées
et convoitées
À l'époque de son apogée, les productions de Murano étaient appréciées et connues dans l'Europe
entière et ce jusqu'à Constantinople.
De nombreux souverains, de passage à Venise, se déplaçaient jusqu'à Murano pour admirer et
commander leur vaisselle, vases, etc.
Le savoir-faire des verriers de Murano suscitait bien évidemment de nombreuses convoitises de la
part des autres pays européens, et l'on craignait que l'étranger ne découvre le procédé des gens de Murano. C'est pourquoi, dès 1275, l'exportation du verre brut ainsi que des matières qui
servaient à le composer, mais également celle du verre cassé, fut interdite par le sénat vénitien.
Lorsque Louis XIV, au XVIIe siècle, finit par réussir à débaucher quelques verriers de Murano pour les amener en France,
le Conseil des Dix de la République de Venise alla jusqu'à payer des agents pour tuer les ouvriers déserteurs qui refuseraient de rentrer à Murano3.
La dynastie
Ballarin
Giorgio Ballarin est né aux environs de 1440 à Spalato en Dalmatie et s’est installé aussitôt à Murano avec son père Pietro, sa mère et son frère Stefano. Giorgio di Pietro dit Zorzi le Spalatino, est
considéré comme le véritable ancêtre de l’illustre famille Ballarin de Murano, qui donna naissance à différentes personnalités aussi bien dans l’art du verre que dans le commerce ou dans la
carrière politico-diplomatique. Zorzi, autour de 1456, est rentré en qualité de famiglio, au service du verrier Domenico Caner, lui aussi d’origine dalmate et qui avait ouvert un four à Murano.
Dans un document de l’époque, il est désigné comme Georgius Sclavonus famulus ser Menegin Caner. Zorzi apprit l’art du verre comme nul autre avant lui. Lors d’une opération délicate, un
ouvrier laissa tomber sur son pied gauche, le chalumeau de verrier, depuis ce jour et à cause de sa démarche devenue claudicante, il fut affublé d’un nouveau surnom: il ballarino (le danseur). En
effet, les documents de Murano le nomment pour la première fois le 20 octobre 1479 Zorzi da Spalato dito Balarin. À compter de ce jour, l’île de Murano eut une nouvelle famille qui
allait devenir la noble dynastie de intus ed extra des Ballarin de Murano.
Quelques années plus tard Giorgio Zorzi Ballarin passa dans la verrerie d’Angelo Barovier.
À sa mort en 1460, la direction du four est prise en main par les enfants Giovanni et Marietta Barovier. Giorgio put assister à la préparation des recettes du grand verrier, et après les avoir
transcrites, il perfectionna l’art et initia en 1483 une activité en propre ; par la suite, en 1492, il invente le verre de couleur rubis transparent qui devient avec le cristal3, une matière très recherchée par les nobles
vénitiens, jusqu’à devenir «Gastaldo» de l’art verrier et l’un des entrepreneurs les plus importants et riches de l’île.
Giorgio devint par la suite le propriétaire de quelques palais à Murano et dans la région de
Trévise. Il fit construire pour sa famille, ses descendants et pour lui-même, une chapelle dans l’église de San Pietro Martire de Murano, où, il meurt en 1506.
Cette fulgurante ascension sociale, en pleine renaissance vénitienne, entourée d’un climat
suspicieux et envieux, demeura pendant des siècles dans la mémoire collective des Muranais et inspira, lors d’une visite à Murano, l’écrivain américain F. Marion Crawford dans son récit
“Marietta a maid of Venice”, ainsi que l’australienne Mona McBurney pour son Opéra « The Dalmatian » qu’elle compose en 1905.
Francesco Ballarin (1480 – 1555), Gastaldo dell’Arte, excellent fabricant de vases, fut connu au
delà des frontières de la république vénitienne pour ses très belles expositions pendant les fêtes de la Sensa à San Marco.
Domenico Ballarin (1490 – 1570), Gastaldo dell'Arte, vit sa notoriété se répandre dans les cours
italiennes et dans les milieux artistiques les plus élevés, jusqu'au delà des Alpes. Le poète Pietro Aretino, dans une lettre au duc de Mantoue datant du 3 novembre 1531, le définit comme
“idolo in cotal arte” (semblable à un dieu dans cet art) et glorifie ces chefs-d’œuvre en 1535 dans les « Quatre livres de l’humanité du Christ ». Connu à la cour de
France sous le nom du “marchand vénitien” qui fournissait ses splendides coupes de cristal au roi François Ier. Les chefs-d’œuvre créés pour les noces de son fils et futur roi
Henry II avec Catherine de Médicis le 28 octobre 1533 furent particulièrement appréciés. Il s’agit de coupes dessinées et décorées par le peintre Giovanni da Udine, qui furent par la suite
immortalisées dans les tableaux des plus grands peintres de ce temps comme le Titien, Romanino, Véronèse et le Caravage.
Pietro Ballarin (1532 – 1599), Gastaldo dell'Arte et Grand Guardian, malgré le fait que la
situation politique ait été toujours tendue entre la République de Venise et l'empire ottoman, le Sultanat ne manquait pas de se faire parvenir à Constantinople, différents produits en verre des
Ballarin venant de leur four “Al San Marco". Dans la seule année 1590 la commande du Sultanat s’éleva à 900 pièces environ. La Basilique de San Marco elle-même, ne manqua pas d’acquérir
de grandes quantités d’émaux colorés pour ses splendides mosaïques.
Sources : « Renaissance des Arts à la Cour de France », Comte Léon de Laborde, Paris
1855, « Le Lit », Gazette des Beaux Arts, Girolamo d’Adda, Paris 1. août 1876, « L’Arte del vetro in Murano nel Rinascimento », C.A.Levi, Venezia 1895, « Vetro e Vetrai
di Murano Vol 1 - 3 », Luigi Zecchin, Venezia 1978 – 1989.
L'évolution de la production de l'art du verre à Murano
lustre typique en cristal coloré de Murano
D'abord utilitaire elle devint un art d'un grand raffinement qui connaît son apogée du XVIe siècle au XVIIIe siècle. Les maîtres verriers prestigieux sont encore bien présents sur l'Île. On peut
citer, entre autres, les ateliers Ballarin,
Barovier&Toso, Pauly & C., Seguso ou encore Venini. Certaines verreries d'art, et elles sont en expansion, produisent des objets de grande qualité tout en
adoptant un style rafraichi le plus souvent avec l'aide d'artistes contemporains.
Cela étant, certains producteurs se réorientent pour satisfaire une demande de produits bon marchés
stimulée par le flux croissant de touristes. Une autre menace qui pèse sur l'image de marque à Murano est la copie chinoise et autres contrefaçons.
Les jardins de Murano
Une île
célèbre pour ses jardins et ses palais
l'île de Murano fut également célèbre pour ses jardins. S'y retrouvaient entre amis les nobles mais
également les artistes, peintres et écrivains qui appréciaient sa douceur et ses parfums.
Parmi eux citons le fameux imprimeur Alde l'Ancien (Alduce Manuce) ou encore Pietro Aretino
dit l'Arétin.
Cela signifiait aussi que jusqu'au XVIIIe siècle l'île
comptait de nombreux palais. Malheureusement ils furent sauvagement détruits par Napoléon Bonaparte, alors
commandant en chef de l’armée d’Italie, lors de son occupation de Venise en
1797.
Aux palais, il convenait également d'ajouter les casins, lieux de plaisir mais aussi, plus
tard, de jeux d'argent et le mot a d'ailleurs donné naissance au mot casino.
C'est à Murano que Casanova retrouve sa chère nonne M.M dans le casin de Monsieur de Bernis qui prend plaisir à épier leurs ébats. Monsieur de Bernis était alors ambassadeur de France à Venise et il deviendra plus tard le Cardinal de Bernis.
Murano le nuitEt nous quittons Murano en direction de MAZZORBO
Géographie
Mazzorbo est une île de forme approximativement
rectangulaire, 880 m de long. Elle est située au nord de la lagune de Venise, immédiatement à l'ouest de
Burano, à laquelle elle est reliée par un pont.
Le paysage de l'île est encore caractérisé par la présence de zones cultivées. En 2009, elle compte
335 habitants.
Histoire
Comme les autres centres d'habitation du nord de la lagune de Venise, le développement de Mazzorbo
(appelée alors Maiurbium, de Magna Urbs: la ville majeure) débute après la fin de l'Empire romain d'Occident, particulièrement aux VIe et VIIe siècles suite à la destruction de la ville voisine d'Altinum, à
l'invasion des Longobardi.
Initialement, l'île bénéficie de sa proximité avec Torcello, centre économique, alors l'île la plus peuplée de la lagune. Elle possède de nombreux palais et peut-être jusqu'à quinze églises, regroupées
en cinq paroisses.
Après le Xe siècle, l'importance de Torcello décroît au
profit de Venise. Mazzorbo se vide et devient une île utilisée pour les activités agricoles, le divertissement des nobles
vénitiens et centre religieux avec cinq monastères:
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San Maffia,
-
Sant'Eufemia,
-
Santa Maria delle Grazie,
-
Santa Maria Valverde et
-
Santa Caterina
et cinq églises :
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San Bartolomeo,
-
San Angelo,
-
San Pietro,
-
Santo Stefano et
-
Santi Cosma e Damiano.
Comme pour Torcello, les pierres de ses bâtiments ont quasiment toutes été réutilisées pour la
construction de Venise. L'église Santa Caterina
reste le seul édifice datant de cette période.
Église Sainte-Catherine
Mazzorbo - Jardin public sur l'ancien cimetière
x
Mazzorbo - Canal Santo Spirito.
La principale attraction de Mazzorbo est l'Église Santa Caterina. À l'origine, l'église fut construite au VIIIe siècle comme partie postérieure d'un couvent bénédictin. Elle fut restructurée au XIVe siècle, avec des touches
romanes et gothiques et changée à nouveau deux siècles plus tard avant de sombrer dans la décrépitude. Les deux derniers siècles ont vu quelques restaurations mais l'église conserve son
atmosphère antique. Les murs de brique sont gondolés et le pavement finement coloré de marbre de 1580 porte son âge. L'église une seule large nef, coiffée d'un plafond en bois en forme de quille
de bateaux avec de la décoration peinte. Une belle fresque effacée est visible au-dessus du balcon à boiserie, tandis que des gravures sur pierre décorent le joli portique d'entrée. La vieille
boîte confessionnelle en bois est minutieusement taillée. La cloche du campanile passe pour être la plus vieille dela lagune, datant de 1318.
Mazzorbo possède également un quartier résidentiel, conçu en 1979 par l'architecte Giancarlo De Carlo.
Transports
Située à 7 km au nord de Venise, Mazzorbo est desservie par la ligne de vaporetto 12 (anciennement LN) de l'ACTV, qui la relie aux Fondamente
Nuove vénitiens en 40 minutes, en passant par Murano.
Ensuite nous piquons sur Burano (voir mon article sur Burano)Et enfin Torcello
TORCELLO est une île située au nord de la lagune de Venise, en Italie.
Première zone de peuplement de la lagune à partir du VIe siècle, Torcello en devient l'île la plus peuplée et compte 10 000 habitants au Xe siècle. L'envasement de ses
canaux et la propagation de la malaria conduisent l'île à être peu à peu désertée. En 2009, Torcello ne compte plus qu'une soixantaine d'habitants.
Géographie
Torcello est située dans le nord de la lagune de Venise, à proximité du continent et des îles de Burano et Mazzorbo.
Histoire
Origine
À l'époque romaine, Torcello est probablement un lieu de villégiature de la noblesse d'Altinum. Lors de la chute de l'Empire romain d'Occident, l'île devient un refuge pour les Vénètes fuyant la terre ferme et est l'une des premières îles de la lagune à être habitée, tout particulièrement après la destruction
d'Altinum par les Huns en 452.
Après la guerre des Goths au Ve siècle, la Vénétie est sous la domination théorique de l'exarchat
de Ravenne. Cependant, les invasions lombardes et franques provoquent un afflux permanent de réfugiés urbains, attirés par la protection relative de l'île, y compris l'évêque d'Altinum lui-même. En 638,
Torcello devient le siège épiscopal officiel ; les habitants d'Altinum y apportent les reliques d'Héliodore.
Développement
Torcello se développe principalement entre les VIIe et
Xe siècles, après la reconquête de l'Italie par le général romain Bélisaire. Elle maintient d'étroits liens culturels et commerciaux avec Constantinople ; cependant, en tant que poste avancé de l'Empire byzantin, elle s'assure peu à peu d'une autonomie politique croissante vis-à-vis de l'Empire et prospère à l'intérieur de la
confédération d'îles qui donnera naissance à l'État vénitien.
Au Xe siècle, Torcello compte 10 000 habitants,
pas moins de 10 églises et plusieurs couvents. Important comptoir commercial, Torcello est l'île la plus puissante et la plus riche de la lagune. Les salines des marais du lagon forment la base de l'économie de Torcello et son port se développe rapidement pour devenir un important marché au
cœur des routes commerciales entre l'est et l'ouest de l'Europe.
Torcello, avec les îles voisines de Mazzorbo, Burano, Ammiana et Costanziaco, forme la tête de pont commerciale de Venise sur la mer Adriatique. La cathédrale est reconstruite au XIe siècle. Au XIVe siècle, Torcello est le principal centre d'exploitation de la laine du duché de Venise. La ville possède sa noblesse propre et est dirigée par deux conseils, régis par
un gastaldo et un podestat.
Déclin
À partir du XIIe siècle, la lagune entourant Torcello
s'envase. La navigation y devient progressivement impossible et la malaria s'y propage. Les habitants
quittent alors l'île pour aller s'installer à Burano, Murano ou
sur l'île de rivus altus, la zone du futur Rialto où le pouvoir politique se déplace peu à peu. Torcello est désertée. Le
siège épiscopal déménage à Murano au XIVe siècle et Torcello devient une simple
paroisse. Les matériaux de ses bâtiments sont réutilisées en masse pour permettre le développement de Venise, à tel point qu'en 1429, le doge Francesco Foscari ordonne au podestat de Torcello de mettre fin au pillage de marbre et de pierre sur l'île.
Au XIXe siècle, Torcello compte encore plus de 300
habitants, mais la population diminue au cours du XXe siècle. La paroisse de Torcello est supprimée en 19861. Aujourd'hui, Torcello n'a plus que 60 habitants permanents. Quelques-uns de ses canaux subsistent encore, le
principal reliant la lagune à la basilique, où de nombreux Vénitiens viennent se marier. Les dernières constructions de l'île sont la basilique Santa Maria Assunta, l'église Santa Fosca, la maison du conseil et quelques cafés et restaurants.
Monuments
Cathédrale Santa Maria
Assunta
Cathédrale de Santa Maria Assunta (ND de l'Assomption)
Cathédrale Santa Maria Assunta et église Santa Fosca
L'édifice le plus remarquable de l'île de Torcello est la cathédrale
Santa Maria Assunta (Notre-Dame de l'Assomption), bâtie en 639. Selon une inscription en latin gravée à gauche du chœur, elle aurait été fondée par l'exarque de Ravenne Isaac. Il s'agit du document le plus ancien de l'histoire de Venise :
-
« In n(omine) d(omini) D(e)i n(ostri) Ih(es)u Xr(isti),
imp(erante) d(omi)n(o) n(ostro) Heraclio p(er)p(etuo) Augus(to), an(no) XXVIIII ind(ictione) XIII, facta est eccl(esia) S(anc)t(e) Marie D(e)i Genet(ricis) ex iuss(ione) pio et devoto
d(omi)n(o) n(ostro) Isaacio excell(entissimo) ex(ar)c(ho) patricio et D(e)o vol(ente) dedicata pro eius merit(is) et eius exerc(itu). Hec fabr(ica)t(a) est a fundam(entis) per b(ene) meritum
Mauricium gloriosum magistro mil(itum) prov(incie) Venetiarum, residentem in hunc locum suum, consecrante s(anc)t(o) et rev(erendissimo) Mauro episc(opo) huius eccl(esie)
f(e)l(ici)t(er). »
La façade, très sobre, est précédée d'un narthex dont la galerie rejoint et entoure l'église
voisine de Santa Fosca.
Intérieur
Torcello - Bas reliefs du coeur
L'intérieur, à trois nefs, repose sur des colonnes en marbre grec à
chapiteaux.
Le pavement de mosaïques a été réalisé au XIe siècle, les bas-reliefs datent du XIe siècle et les peintures du XVe siècle. L'iconostase est un exemple de la toute fin de l'art byzantin pictural (XVè siècle).
L'autel de la cathédrale abrite un sarcophage romain renfermant les reliques de Saint Héliodore. Hemingway, parlant de la cathédrale Notre-Dame (Santa Maria Assunta), prétendait que les Vénitiens n'avaient jamais rien fait de
mieux.
De somptueuses mosaïques, réalisées entre le XIIe siècle et le XIVe siècle,
couvrent les murs de l'abside et des deux chapelles encadrant le coeur. Au revers de la façade s'étire une immense et majestueuse
mosaïque représentant le Jugement dernier. Les mosaïstes des XIIè et XIIIè siècles,
s'inspirèrent des canons esthétiques byzantins en symbiose avec l'esprit de l'art roman.
Mosaïques de l'abside droite
Mosaïques de l'abside centrale (XIIIe s.)
1/ Dans l'arc de l'abside est
représentée l'Annonciation. La Vierge y est représentée un fuseau à la main. Le long de l'arc, une
inscription figure des propos à la première personne du singulier, comme cela était fréquent à cette période charnière entre le paléochristianisme finissant et le Christianisme médiéval plus tardif : "Je suis Dieu et Homme, l'image du Père et de la
Mère ; je suis proche du coupable, mais le repentant est mon voisin".
2/ Dans le cul de four figure la Vierge à l'Enfant (XIIIè siècle), la fenêtre centrale inférieure représentant le Christ. Comme il était d'usage dans la symbolique religieuse byzantine, la Vierge amorce une génuflexion. Elle tient le Suaire du Christ, alors que l'enfant tient le rouleau de la loi, qui figure une triple ascendance temporelle, traditionnelle et spirituelle. Une
abréviation grecque au dessus de la Vierge signifie "Mère de Dieu". En dessous, les Apôtres avancent
dans une prairie de coquelicots (XIIè siècle).
3/ Dans l'abside de droite apparaissent le Christ trônant entourés des archanges Saint Michel et Saint Gabriel. Sur la voûte d'arêtes quatre anges portent l'agneau mystique. Les quatre fleuves du Paradis sont représentés par des bandes où alternent fleurs et grappes de fruits, et dans lesquelles apparait tout un bestiaire miniature symbolique
(lion, paon, taureau, aigle, et oiseaux au plumage blanc).
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voûte d'arêtes (abside droite)
-
Animaux dans les fleuves du Paradis (abside droite)
Cette mosaïque en six bandes couvre toute la hauteur du mur de revers de façade, à l'exception des
deux premiers mètres du sol, et se lit de haut en bas. Elle se décompose en deux parties : en haut sont représentées la Mort et la Résurrection du Christ (registres 1, 2 et 3). En bas,
figure le Jugement lui-même (registres 4, 5 et 6).
Registre 1/ La Crucifixion.
Registre 2/ La descente aux enfers.
Le Christ foule les chaînes de l'enfer et un diable minuscule. Il tient Adam par la main, tandis que Eve est en prière. Derrière elle s'avancent les rois David et Salomon. De l'autre côté, Saint Jean-Baptiste est suivi du groupe des prophètes. Deux immenses archanges (Gabriel et Michel)
portant des globes et vêtus à la mode byzantine encadrent ce registre.
Registre 3 - Le Christ sous sa forme divine et charnelle
Registre 3/ Le Christ est représenté sous sa forme à la fois divine et charnelle en étant assis
dans une mandorle.
La Vierge, Saint
Jean-Baptiste et les douze Apôtres les encadrent. Deux anges portant d'innombrables yeux sur leurs
ailes soutiennent la mandorle d'où coulent des fleuves de feu en direction de l'enfer (registres 5 et 6 dans leur partie
droite).
Registre 4/ Le triomphe de la Croix (centre) et l'appel des morts (parties gauche et
droite).
Au centre, les instruments de la Passion sont représentés : la sainte lance, l'éponge et la couronne d'épines. Quatre anges, dont deux sans corps à la manière orientale
(séraphins) les encadrent. Au pied de la Croix, Adam et
Eve sont agenouillés devant le livre de la vie. À gauche et à droite, des anges soufflent dans leur trompette pour
appeler les morts au Jugement. Ceux de gauche sortent de la symbolique terrestre : rochers et gueules d'animaux réels ou imaginaires, sous la forme de momies embaumées. Ceux de droite, de la
symbolique de la mer : flots, poissons et monstres marins. Un ange tient un rouleau à la main et déroule le ciel pour en faire tomber les étoiles (scène de
l'Apocalypse).
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Registre 4 - Les morts sortant de la terre
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Registres 4 & 5 - Parties centrales
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Registre 4 - Les morts sortant de la mer
Registres 5 & 6 (parties de droite sur les damnés)
Registre 5/ La séparation des élus et des damnés.
Au centre, l'archange
Saint Michel pèse les âmes avec sa balance tandis que deux diables cornus cherchent à la faire pencher de leur côté en
la chargeant avec les sacs de péchés.
À gauche figurent les élus répartis en quatre groupes : évêques, martyrs, moines et femmes pieuses.
À droite apparaît l'image la plus célèbre de Torcello : les damnés plongés dans les flammes et
tenus en respect par deux anges. Lucifer, tout noir avec ses cheveux ébouriffés et un regard de dément est assis sur le
Léviathan à deux têtes (serpent aquatique de l'Apocalypse annoncé par Isaïe). Il tient sur ses genoux l'Antéchrist. Autour de lui virevoltent sept diablotins personnifiant les sept péchés capitaux : l'orgueil, l'avarice, la luxure, la colère, la gourmandise, la paresse et l'envie. Ils évoluent au milieu de têtes humaines représentant des dignitaires
et des gens du peuple soumis au même jugement quelle que soit leur condition.
Registres 5 & 6 (partie de gauche sur les élus)
Registre 6/ Le traitement des élus et des damnés.
À gauche, les élus se trouvent dans le Paradis où pousse du pavot. Ce qui est amusant quand on connait l'usage qui en est fait
aujourd'hui. Saint Pierre avec ses clefs, Saint Michel, un ange aux ailes ornées d'yeux, le Bon
Larron, la Vierge et les élus se tournent vers Abraham qui tient le Christ sur ses genoux.
À droite, la célèbre mosaïque des damnés recevant leurs peines en fonction de leurs péchés :
- les luxurieux et les orgueilleux : sont jetés dans les flammes.
- les gourmands : sont nus et se rongent les mains.
- les coléreux : sont jetés dans l'eau froide.
- les envieux : ont les yeux des orbites dévorés par les vers.
- les avares : ont la tête tranchée.
- les paresseux : ont les crânes, les mains et les pieds arrachés.
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Vue générale du Jugement dernier (XIIè s.)
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Détail des registres 3, 4, 5 & 6 (XIIè s.)
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Campanile de la cathédrale de Santa Maria Assunta
Campanile
Séparé de la cathédrale, le campanile fut commencé au XIe et servait à contrôler la navigation dans la lagune. Il perdit son
sommet en 1640, après avoir été touché par la foudre. En grimpant au sommet, on peut admirer l'île.
Église Santa Fosca
Église Santa Fosca
(Sainte-Foy)
Cette église, en croix grecque, fut érigée entre le XI° siècle et le XIIe siècle. À l’origine, il s’agissait probablement d’un martyrium, sanctuaire abritant les restes
des martyrs. Elle se présente comme un octogone cerné d’un portique, dont les arcs surhaussés reposent sur des colonnes à chapiteaux vénéto-byzantins. Par sa double rangée d’arcades aveugles et
sa frise à motif en dents de scie, l’abside rappelle celle de San Donato. Ce sanctuaire est, par son extrême simplicité, le résumé de la conception byzantine de l’espace comme unité et cohérence
structurelle. L’équilibre de forme est mis en valeur par une lumière pure et nette.
Trône d'Attila
Devant la cathédrale, face au musée, se trouve un siège de marbre qui, selon la légende, aurait
servi de siège à Attila lorsque celui-ci avait traversé l'Italie. Au Moyen Âge, il fut utilisé par l'évêque et pour l'exercice de la justice.
Pont du Diable
Pont du Diable (après sa restauration de 2009)
Ce pont en pierre,
jadis endommagé, enjambe le principal canal de Torcello. Il a été restauré en 2009. À cette occasion, il a retrouvé son apparence d'origine en perdant les parapets qui avaient été ajoutés au XIXè
siècle pour éviter les chutes... ...à l'époque où Torcello comptait encore une population "substantielle".
Transports
Torcello est desservie par la ligne de vaporetto T de l'ACTV, qui
fait la navette entre Burano et Torcello et permet de relier les deux îles en cinq minutes.