En quittant Boris Vian ce samedi après-midi, je me dirige vers le Cimetière de Montmartre. Il fait tropical. Le drame c'est que je n'ai pris avec moi que des pulls en laine et suis affublé d'une énorme veste blindée, bourrée de poches avec des fermetures-éclair et "spéciale anti-pickpockets". Je marche dans un état "saunatique", n'ose pas enlever ma veste de peur qu'elle ne me soit arrachée. Pas de doute, Paris c'est cool. Mais il fait beau et c'est l'essentiel. Je ne parle pas de mes pieds, 3 verrues (aux 2 pieds ) que j'ai essayé en vain de faire disparaître avant mon départ et un orteil en sang à chaque pied. Un vrai chemin de croix vers un Cimetière.
Sans trop savoir comment je me retrouve rue Caulaincourt, soit sur le viaduc qui surplombe le Cimetière de Montmartre
En fait j'ai déjà loupé l'entrée du Cimetière qui se trouve au début du pont à droite, alors que je marche sur la "rive gauche". A travers les croisillons métalliques je m'aperçois que je me trouve au-dessus d'un cimetière que je photographie au travers des losanges. Serait-ce le cimetière de Montmartre???. Je me retourne vers la rive droite et aperçois ceci; J'apprendrai plus tard que c'est là que se trouve la tombe de Dalida
En fait il y a un escalier qui se trouve derrière moi à droite du pont et qui mène directement à l'entrée du Cimetière et moi je marche résolument en sens inverse, vais prendre la rue Joseph de Maistre, puis la rue de la Barrière Blanche, sans trouver la moindre entrée, finis par héler un reporter photographe qui va filmer les Vendanges de Montmartre qui ont justement lieu ce jour-là. Marche-arrière youte m'explique t'il...aïe, mes pauvres pieds et cette chaleur implacable.
Mais je dois y passer, j'ai rendez-vous à l'entrée du Cimetière à 16h30 avec ma chère Michèle Laurence, celle des "Coulisses de Michèle" sur Overblog, comédienne et écrivain de théâtre, qui habite près de la Place des Abbesses. Il y a 3 ans que je corresponds avec elle et que nous sommes sur le même site. C'est notre première rencontre. Avec Béatrice Bréard la veille, c'est aussi ma 2e rencontre Facebook
J'arrive enfin à l'escalier et à l'entrée du Cimetière, à 16h20, y pénètre et fais un rapide tour de reconnaissance. Impressionnant. Avec ce tas de ferrailles, le viaduc, les voitures qui le font résonner en même temps que les morts, aux tremblements de Parkinson, à se demander s'il n'ya pas plus de circulation chez les morts en dessous que chez les vivants au-dessus, cet impressionnant corps de garde et en-deçà du viaduc, toutes ces tombes qui montent vers le ciel des gratte-ciels environnants
De l'autre côté du viaduc, des endroits plus calmes, enfin plus verdoyants, moins métallisés, une grande allée qui fait penser aux Aliscans d'Arles.
Créé dans une ancien carrière de plâtre, ce cimetière renferme son pesant de célébrités et se
révèle aussi intéressant que la beauté de ses sculptures que par l'architecture de certaine tombes. Dès l'entrée avenue Rachel, tout de suite à droite Sacha Guitry. Sa tombe est souvent
magnifiquement fleurie-par qui?Dans les deux
premières allées à gauche, tombe toute simple de Louis Jouvet et celle d'Alphonsine Plessis, la Marguerite Gauthier de la Dame aux Camelias. Reconnaissable à sa décoration kitsch et au petit coussin violet en
céramique
Au bout de l'avenue Saint-Charles, Alfred de Vigny, puis les Goncourt; avenue de la Croix, Henry Beyle, plus connu sous le nom de Stendhal.. Dans la même allée, Madame Récamier, Ampère et Georges Feydeau. Dans la 6e division; Adolphe Sax, inventeur du Saxophone. A côté le peintre Edgar Degas. Avenue Cordier, tombe de Théophile Gauthier
Avenue de Montmenrency, Ernest Renan et Alexandre Dumas fils. Pas loin le peintre Fragonard. Avenue Berlioz, le
compositeur (il repose entre ses deux femmes). Au cours de l'enterrement, les chevaux du corbillard prirent peur et s'emballèrent
Ne pas manquer de rendre viste à Charles Fourier, le précurseur des communautés hippies (inventeur des phalanstères) et bien entendu au danseur Vaslav Nijinski (décédé en 1950)
De Zola il ne reste que le tombeau, mais avec un beau buste, depuis qu'il a déménagé au Panthéon.
Cependant sa femme, qu'il abandonna décidément beaucoup, est toujours là. En octobre
1984, y fut enterré François TruffautEn mai 1987, ce fut le tour de Dalida...Michel Berger
repose à côté de sa fille Pauline (décédée en 1997 de mucoviscidose, à l'âge de 19 ans) et non loin de son père, Jean Hamburger
Mais là, je dois rebrousser chemin, Michèle m'attend au corps
de garde. Je ne la vois pas , alors je m'installe dans un petit café à l'entrée du cimetière, en terrasse, à l'ombre, enlève mes couches de vêtements et commande une gigantesque Heinneken.
Je ne fais rien d'autre que de sécher. A 16h50, personne. Jetant un oeil à ma montre je m'aperçois que j'ai mal lu l'heure, il est 15h50 en réalité. J'ai Michèle au portable. Incapable de me
mouvoir encore, Je descends ma "bière" lentement pour éviter de m'y laisser monter. Vers 16h20 je rentre à nouveau dans le cimetière, redescends 10 minutes plus tard et aperçois Michèle qui monte
vers moi. Un signe entendu de la main des deux côtés. On se reconnait sans hésitation. Elle a une gueule terrible Michèle, je vous montrerai