Nous quittons Belgrade le 26 mai à 13hoo et arriverons à Nis en Serbie, vers 16h40. Et avant d'aller à notre camping qui se trouve sur la route de Sofia, nous allons visiter La Tour aux Crânes, dite Cele Kulu en serbe.
En 1809, 3.000 Serbes dirigés par Stevan Sindelic ont été massacrés par 16.000 Turcs. 952 crânes serbes ont été empilés et cimentés dans une tour en pierres
Voici ce que celà donne, c'est un tableau charmant. Il ne reste de nos jours que 58 crânes et la tour a été enfermée dans une petite chapelle
Autant dire que ce spectacle est assez impressionnant et que la nuit nous avons fait des cauchemars épouvantables
Sindelic était chef de la première révolte et cette révolte valut à Nis de n'être libérée du joug ottoman, qu'en 1878
Lors de cette bataille du Mont Cegar 10.000 turcs et 3.000 serbes périrent. Sindelic résista héroïquement, entraîna un grand nombre de turcs auprès de barils de poudre et au moment de mourir, tira dans les barils faisant exploser les turcs qui l'encerclaient et lui-même.
En 1882, Lamartine apposa une plaque sur le mur de la tour disant: "Qu'ils laissent subsister ce monument. Il apprendra à leurs enfants ce que vaut l'indépendance d'un peuple, en leur montrant à quel prix, leurs pères l'ont payée "
Après une nuit passée au Camping de Nis, nous reprenons la route en direction de la Bulgarie. Longue file de voitures et fouilles intenses à Dimitrovgrad, ville frontière. Une heure
cinq pour quitter la douane et nous avons eu de la chance. Que voulez-vous, nous entrons dans un pays dictatorial et plus soviet que les Soviets eux-mêmes. Le tyran c'est JIVKOV, au pouvoir depuis 1954. Trent-cinq ans de despotisme à la solde de l'Urss. Il est chassé en 1989, lors de la chute du régime communiste. La Bulgarie esr sous stalinisation totale depuis 1947. La bulgarie est le seul pays de l'Est à ne pas être occupé par les troupes soviétiques.
Mieux, elle sera à leur côté, lors de l'invasion de la Tchécoslovaquie précisément en cette année 1968, où nous sommes en Bulgarie. Voici la Cathédrale de Sofia et la préfecture et sur la photo, ci-dessous à droite, une église byzantine, miraculeusement sauvée, pour combien de temps, de la hideur soviétique.A Sophia nous allons passer une soirée au Restaurant, avec Céline et une amie Bulgare de Sofia, qui a accepté de nous piloter à la demande d'un ami commun Boris Rousseff, ami du Droit à Liège, dont j'ai déjà parlé. Cette amie,nous accueille très gentiment, nous présente à son père qui est un ponte du parti communiste, c'est plutôt comique. Elle parle français et au Mont Vitocha, dans un restaurant d'Etat sinistre, elle nous montre le manège des femmes qui sont là pour essayer de se faire embarquer par des hommes de l'Ouest après leur avoir offert leurs charmes. Elles se risquent à passer la frontière dans le coffre, quand ça marche. En tout cas elles sont prêtes à tout pour quitter la Bulgarie. No comment !
Je me souviens m'être promené dans la ville au petit matin. Des travailleurs qui prennent leur bus, des vitrines de magasin minables, poussiéreuses et peu achalandées et pas de voitures dans la rue si ce n'est de temps en temps, celle d'un dirigeant du parti. Pas de doute, la Bulgarie est dans la misère et le fossé avec la Yougoslavie est immense. Nous avons vraiment franchi le rideau de fer et croyez-moi, c'est pas la joie.
Il est d'ailleurs frappant de constater que nous n'avons aucun écho des évènements de Mai 68, ni à Paris, ni à Prague, ni de la révolution culturelle en Chine. En Bulgarie, on ne sait rien, alors que leurs troupes s'apprêtent à envahir la Tchécoslovaquie. Ce n'est qu'à notre retour, le 9 Juin, en Macédoine yougoslave, à Skopje, que nous entendrons ce qui se passe, à la radio